Taux de mortalité alarmants
Médecins Sans Frontières (MSF) constate depuis plusieurs mois la lenteur du déploiement et le niveau insuffisant de l’aide apportée aux personnes qui ont fui les combats suite à la résurgence du groupe armé M23 au Nord-Kivu. Dans plusieurs camps autour de la ville qui accueillent près de 600 000 personnes selon les chiffres des Nations Unies[i], les déplacés continuent de manquer d’assistance, et notamment de nourriture et d’abris, en quantité et qualité suffisantes, et ce malgré une certaine augmentation de l’aide ces dernières semaines.
Vendredi 16 juin, le système des Nations-Unies a décidé de relever le niveau de gravité attribué à cette crise jusqu’au niveau maximal dans l’échelle des organisations onusiennes. S’il s’agit d’un signe positif, il est urgent que cette prise de conscience se traduise en une augmentation significative, rapide et tangible de l’aide fournie aux populations sur le terrain.
En avril, MSF a mené une enquête de mortalité rétrospective dans les camps de Rusayo, Shabindu et Don Bosco, couvrant la période de janvier à avril. Cette enquête révèle des taux de mortalité alarmants chez les enfants de moins de 5 ans. A Rusayo, où l’on estime le nombre d’habitant entre 85 000[1] et 100 000, plus de 3 enfants sont décédés chaque jour en moyenne (1,6 décès pour 10 000 enfants par jour) de causes diverses, sur la période analysée.
Par ailleurs, à Elohim, qui comptait environ 4 000 habitants au moment d’une évaluation nutritionnelle rapide réalisée fin mai, les chiffres collectés par MSF étaient bien au-delà des seuils d’urgence, les taux de malnutrition aiguë sévère atteignant 4,9% chez les enfants de moins de 5 ans. Concrètement, en mai, un quart des enfants vivant dans ce site ont été pris en charge par MSF pour une forme de malnutrition. Dans ce même site, de nombreuses personnes déplacées rapportaient aux équipes n’avoir reçu aucune aide alimentaire depuis leur arrivée, pour certains en janvier. Dans d’autres sites, comme à Rusayo ou Shabindu, des distributions de nourriture ont été effectuées, mais seule une partie des habitants en a bénéficié. D’autres facteurs de risque viennent s’ajouter à cette situation nutritionnelle alarmante, comme des cas de rougeole et de choléra.