Une épidémie de méningite se propage en Afrique de l'Ouest. Reportage au Niger, dans le district de Magaria, un des nombreux lieux où les équipes médicales de MSF veillent à ce que les malades atteints de méningite reçoivent à temps les médicaments.
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Village de Yékoua, près de Magaria. le 6 avril 2009 - Un homme porte dans ses bras une jeune fille inconsciente. Il descend prudemment les marches du centre de santé.
Il allonge la malade une natte sous un auvent. « Je suis son instituteur », nous dit l'homme, tout en humectant le front de la jeune fille qui ne réagit pas.
« Hier, elle n'avait rien et ce matin elle était comateuse. Nous arrivons de Toubé, un village à 14 kilomètres d'ici et la route a été longue.»
La chaleur est insupportable, plus de 40° à l'ombre, et la poussière pénètre partout. C'est cette poussière qui irrite les muqueuses de la gorge et ouvre la porte aux méningocoques responsables de la maladie.
Les gens connaissent bien le chankarow - méningite en langue Haoussa - qui désigne celui qui ne peut pas bouger la tête. Un signe qui ne trompe pas.
« C'est le second cas de méningite depuis ce matin » constate Madame Souéba, l'infirmière du centre de santé. « Heureusement que l'on a reçu ce nouveau médicament - la Ceftriaxone. Il est très efficace. Cela me tranquillise pour tous mes patients.»
Deux équipes MSF suivent les quatorze centres de santé du district pour surveiller l'évolution du nombre de malades, distribuer ces traitements et former le personnel à son utilisation. « C'est ce qui sauve les vies », insiste Nico Heijenberg, le médecin MSF responsable de l'intervention à Magaria pendant le briefing des nouveaux arrivés de l'équipe.
« Les gens ne voient que la vaccination. Il est vrai que c'est elle qui permettra de "casser" le développement de l'épidémie. Mais sans cette prise en charge médicale en urgence des patients atteints de méningite, ce serait une catastrophe en termes de vies perdues. »
Le lendemain, l'équipe médicale revient à Yékoua. Trois équipes de vaccination les accompagnent, 5000 personnes doivent être immunisées. Dans le centre de santé, le médecin MSF examine les deux patients atteints de méningite.
« Les douleurs mettent parfois plusieurs jours à disparaître », indique Simon. « Maintenant nous allons aller visiter Toubé, le village d'où vient cette jeune fille. Il y a peut-être d'autres personnes atteintes.» Ni la mère et les sept frères et sœurs de la jeune fille, ni d'autres habitants ne présentent de signes inquiétants.
L'équipe repart vite car sa journée commence à peine. Elle a prévu de superviser quatre centres de santé aujourd'hui, sans compter d'éventuelles recherches de cas dans des villages reculés.