Un nouvel été meurtrier en Méditerranée centrale

Quelques heures après le second sauvetage de la rotation 14, un bateau en bois avec 76 personnes a été secouru par le Geo Barents avec succès. 
Quelques heures après le second sauvetage de la rotation 14, un bateau en bois avec 76 personnes a été secouru par le Geo Barents avec succès.  © Rahul Dhankani/MSF

Mise à jour du 04 août : Après près de 9 jours passés en mer, les 659 rescapés à bord du Geo Barents pourront finalement débarquer dans le port de Tarente.

Alors que les départs de Libye sont plus fréquents pendant l’été, le dispositif de recherche et sauvetage ne repose que sur les quelques navires affrétés par des organisations humanitaires. Le Geo Barents a récemment effectué plusieurs sauvetages et attend toujours un port de débarquement pour les 659 personnes secourues qui se trouvent à bord.

En à peine cinq jours, le Geo Barents, un navire de recherche et de sauvetage opéré par Médecins Sans Frontières (MSF), et l’Ocean Viking, affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), ont secouru seize embarcations en détresse. La semaine précédente, le Sea-Watch 3 avait également secouru cinq embarcations en détresse en mer, avec un total de 444 rescapés. 

Le désengagement de moyens européens de recherche et de sauvetage dans les eaux internationales au large de la Libye, route migratoire maritime la plus meurtrière au monde depuis 2014, en Méditerranée centrale, ainsi que les délais dans l'attribution d'un lieu sûr de débarquement ont considérablement affaibli la capacité du dispositif de recherche et de sauvetage, et donc sa capacité de sauver des vies en mer.

« Depuis le début de l’été, notre équipe n’a cessé de recevoir des alertes restées sans réponse ou de repérer des embarcations en détresse depuis notre passerelle. Le premier sauvetage a connu une fin tragique, avec près de 30 personnes disparues et une femme qui n'a pas survécu. Avec six sauvetages en douze heures et onze autres en 72 heures, nous avons ensuite porté secours à un total de 974 personnes. Nous accueillons actuellement à bord du Geo Barents 659 personnes, ce qui est supérieur à la capacité du navire. », explique Juan Matias Gil, représentant MSF pour les secours en mer. 

Alors que le Sea-Watch 3 a débarqué 438 personnes à Taranto, en Italie, le 30 juillet, et que l'Ocean Viking a débarqué 387 personnes à Salerne, en Italie, le 1er août, le Geo Barents attend toujours qu'une solution soit trouvée pour les rescapés à son bord, dont certains ont été secourus il y a déjà une semaine.

« Garder les rescapés bloqués en mer pendant des jours en attendant de débarquer dans un lieu sûr est une violence supplémentaire imposée à des personnes déjà extrêmement vulnérables. Les rescapés secourus par l'Ocean Viking au cours des six dernières années ont raconté à nos équipes des histoires terrifiantes de violence et d'abus. Le dernier et seul espoir pour ces personnes est de réussir à fuir la Libye, qu'ils qualifient souvent d'« enfer sur terre », par la mer, quels qu’en soient les risques. La suppression des moyens européens de recherche et de sauvetage adéquats et compétents dans les eaux internationales au large de la Libye s'est avérée meurtrière et inefficace pour prévenir les traversées dangereuses », déclare Xavier Lauth, directeur des opérations de SOS MEDITERRANEE.

Bien que, comme le prescrit le droit maritime, nous recherchions systématiquement une coordination pour nos opérations, les autorités maritimes libyennes ne répondent presque jamais, négligeant leur obligation légale de coordonner l'assistance. Par ailleurs, lorsqu'elles interviennent et interceptent des embarcations en détresse, les autorités maritimes libyennes renvoient systématiquement de force les personnes en Libye, qui ne peut être considérée comme un lieu sûr selon les Nations unies. 

Malgré l'absence critique de moyens de recherche et de sauvetage adéquats dans cette région maritime, les personnes continuent de fuir la Libye par la mer et de risquer leur vie en quête de sécurité. Durant l’été, lorsque les conditions météorologiques sont les plus favorables pour tenter un voyage aussi dangereux, les départs de Libye sont plus fréquents et une importante flotte de recherche et de sauvetage est donc nécessaire.

SOS MEDITERRANEE, MSF et SEA-WATCH demandent aux Etats membres et aux Etats associés de l'Union européenne de mettre en place une flotte de recherche et de sauvetage adéquate, dirigée par les Etats, dédiée et proactive en Méditerranée centrale, ainsi qu'une réponse rapide et adéquate à tous les appels de détresse, et un mécanisme de débarquement prévisible des personnes rescapées.

Notes

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