Violence en détention
"Les policiers, les garde-côtes, l'armée ne se soucient pas de nous. [...] Ils me battent beaucoup, tous nous battent. Jusqu'à ce qu’on s'évanouisse. Jusqu'à ce qu’on s'effondre. [...] Il y a tellement de punitions sévères dans ce pays [...] Pourquoi l'Union européenne soutient-elle ces gens ? [...] Si le Nigeria était sûr, je ne serais pas dans ce pays. [...] Alors quand je me préparais pour cette troisième fois, j'ai dit 'Dieu, je préfère mourir dans la mer plutôt que d'être renvoyé dans les centres de détention libyens'. J'ai pleuré, j'ai pleuré et j’ai embarqué". [Extrait du témoignage d’un homme de 25 ans originaire du Nigeria].
Selon les témoignages des rescapés recueillis à bord, 84% des 620 événements violents recensés se sont produits en Libye. Beaucoup de ces violences se produisent après l’interception par les garde-côtes libyens et pendant l’enfermement consécutif dans des centres de détention. Selon les témoignages, les auteurs de ces actes sont les gardes dans les centres de détention (34 %), les garde-côtes libyens (15 %), la police non étatique ou militaire (11 %), et les contrebandiers/trafiquants (10 %). Nos équipes ont également constaté des niveaux importants de violence à l'égard des femmes et des enfants - 29 % d'entre eux sont mineurs, le plus jeune ayant 8 ans, et 18 % des victimes sont des femmes.
"On voit chez les rescapés des traumatismes contondants, des brûlures, des fractures, des traumatismes crâniens, des blessures liées aux violences sexuelles, des troubles de la santé mentale. Les violences sont aussi à l'origine de handicaps physiques à long terme, de grossesses, de malnutrition et de douleurs chroniques", explique Stephanie Hofstetter, cheffe de l'équipe médicale à bord du Geo Barents.