A l’unité de soins intensifs du service des grands brûlés de l’hôpital Shifa, deux frères, âgés de huit et quatre ans, sont allongés côte à côte, gravement brûlés. Un missile s’est abattu sur leur maison ce matin. Ils font partie des centaines de civils blessés dans la nuit du 19 au 20 juillet, et encore le dimanche 20 juillet, alors qu'Al Shuja’iyeh était sous le feu israélien. « En salle de réanimation des urgences, la moitié des patients sont morts dans les minutes qui ont suivi leur arrivée à l’hôpital, l’autre moitié avait besoin de chirurgie d’urgence » raconte Audrey Landmann, coordinatrice des activités médicales de MSF à Gaza, « et au moins la moitié d’entre eux sont des enfants ».
Depuis le début de l’offensive terrestre, le nombre de victimes augmente de manière exponentielle. « Alors que le discours officiel soutient que l’offensive terrestre a pour but de détruire les tunnels, ce que l’on voit sur le terrain, c’est que les bombardements sont indiscriminés et que ceux qui en meurent sont des civils » affirme Nicolas Palarus, coordinateur de projet MSF à Gaza.
Les familles de trois membres du personnel palestinien de MSF ont demandé l’asile à l’association et ont donc trouvé refuge dans la clinique post-opératoire MSF de Gaza ville. « Ils n’ont nulle part où aller et traverser les frontières n’est pas une option réaliste. Les abris mis en place par les Nations Unies sont bondés et les conditions d’hygiène sur place très préoccupantes » s’inquiète Nicolas Palarus.
Le 20 juillet au matin, une voiture MSF a échappé de peu à une frappe aérienne tombée à 300 mètres du véhicule clairement identifié et ce alors que les autorités israéliennes avaient garanti à MSF un mouvement sécurisé depuis Erez (point frontière entre Israël et la bande de Gaza) jusqu’à Gaza ville pour transporter son
équipe chirurgicale supplémentaire. A l’hôpital Shifa, l’équipe MSF a vu deux ambulanciers morts et deux autres blessés alors qu’ils tentaient de ramener des blessés depuis le quartier pilonné de Ash Shuja’iyeh. Ce n’est qu’au petit matin que
les populations ont pu commencer à évacuer la zone à pied ou entassés dans des véhicules et que les blessés ont pu atteindre l’hôpital en ambulance ou par leurs propres moyens.
« Les bombardements et les frappes aériennes sont non seulement intenses mais aussi imprévisibles, ce qui rend particulièrement difficile - pour MSF comme pour tous les autres médicaux - de se déplacer pour apporter les soins d’urgence. Les travailleurs médicaux et les structures médicales doivent être respectées, aucun tir ne devrait se produire contre ou à proximité des ambulances et des hôpitaux » déclare Nicolas Palarus.
En réponse à l’urgence, MSF soutient actuellement l’hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza avec une équipe chirurgicale complète, de l’équipement et du matériel médical d’urgence. MSF a fait des donations (à partir de ses deux stocks d’urgence) à la pharmacie centrale pour le nord et le sud de la bande de Gaza. La clinique post-opératoire MSF ne fonctionne que de 10% à 30% de ses capacités car l’intensité des bombardements empêche les patients d’y accéder. Les activités régulières de MSF à l’hôpital Nasser de Khan Younis ont été interrompues par le conflit. MSF est présente à Gaza depuis plus de 10 ans pour y mener des activités médicales, chirurgicales et de soins psychologiques, et a répondu aux urgences de 2009 et 2012.
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