« Je ne peux pas travailler en Érythrée. Le gouvernement ne fait rien pour aider les gens souffrants d’un handicap. J’ai perdu ma jambe parce que des soldats érythréens m’ont tiré dessus et que je n’ai pas pu bénéficier de soins pendant une semaine. Un médecin est venu me voir mais il était trop tard, la gangrène s’était installée et il a fallu m’amputer. J’ai passé deux mois à l’hôpital puis je suis retourné chez moi mais je n’ai pas réussi à trouver de travail. Alors je suis passé au Soudan, où j’ai passé quatre mois – dont un en prison sans aucun motif. La police soudanaise m’a dit que, si je voulais sortir de prison, il fallait que je paie 2 000 dollars, alors j’ai payé et ils m’ont conduit à la frontière libyenne.
La Libye est un pays hostile. J’y suis entré avec 75 autres personnes à bord d’un bus venu du Soudan et des hommes armés, peut-être des soldats mais je n’en suis pas certain, nous ont emmenés. Il n’y avait rien à manger, ils ne nous ont donné qu’un morceau de pain par jour. Nous avons passé deux mois là-bas. C’est très dur en Libye, il n’y a plus d’État de droit, et tous les gens que vous croisez vous frappent. C’est très éprouvant. Là encore, j’ai dû payer 2 000 dollars pour embarquer sur un bateau en partance pour l’Europe.
Depuis que j’ai été sauvé, je me sens davantage en sécurité qu’auparavant. Dans le petit bateau, nous ne pouvions pas bouger du tout mais ici [sur le MY Phoenix] nous avons de la place et de la nourriture. J’espère qu’en Europe je vais pouvoir trouver un travail malgré mon handicap. C’est ce que je souhaite. Des soins et du travail. »
* Le nom a été changé
Comment fonctionne le bateau de sauvetage MY Phoenix?
MSF a amorcé une opération conjointe avec le MOAS (Migrant Offshore Aid Station) le 2 mai. A bord du MY Phoenix, une équipe de cinq membres de MSF travaille en collaboration avec l’équipage spécialisé en recherche et sauvetage du MOAS pour fournir des soins médicaux, allant des soins de base jusqu’à la réanimation et à l’assistance respiratoire avancée. L’équipe est également en mesure d’offrir des soins obstétriques, notamment des accouchements sécurisés et l’orientation de patientes nécessitant des soins plus poussés vers des hôpitaux sur la terre ferme.
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