L'histoire sans fin des réfugiés piégés sur les îles grecques

Un réfugié, dans l'ancien camp de Moria, sur l'île de Lesbos, Grèce, juillet 2020.
Un réfugié, dans l'ancien camp de Moria, sur l'île de Lesbos, Grèce, juillet 2020. © Enri Canaj / Magnum Photos pour MSF

Un mois après les incendies qui ont détruit le camp de réfugiés de Moria et malgré les promesses des commissaires européens, plus de 7 500 personnes se retrouvent une nouvelle fois piégées dans des conditions inhumaines au sein d'un nouveau camp, à Lesbos. Des milliers d'autres, dont 7 000 enfants, continuent de vivre dans une précarité extrême, bloquées sur les autres îles de la mer Égée.

« Moria était une cocotte-minute prête à exploser. C'est ce qui est arrivé. Après l'incendie, j'ai vécu quatre jours à la rue. Le nouveau camp n'est pas tellement différent, excepté les nouvelles tentes. Il n'y a pas de toilettes, pas d'eau. Mais nous n’avons pas d’autres options, nous sommes obligés de rester ici », raconte Linda, une femme réfugiée à Lesbos, mère de 5 enfants. 

Traitements inhumains

Le nouveau camp de Lesbos rappelle la misère qui caractérisait celui de Moria : hommes, femmes et enfants dorment sur des nattes dans des tentes, il n'y a pas d'eau courante et la nourriture n'est distribuée qu'une fois par jour. Le camp a été construit à la hâte sur un ancien champ de tir en bord de mer. Sans douche à leur disposition, parents et enfants n'ont pas d'autre choix que de s'y laver.

Un jeune réfugié Syrien au bord de la mer à Samos.
 © Enri Canaj / Magnum Photos for MSF
Un jeune réfugié Syrien au bord de la mer à Samos. © Enri Canaj / Magnum Photos for MSF

Alors que la pandémie de Covid-19 progresse, il est impossible pour les résidents du nouveau camp de Lesbos de prendre des mesures préventives comme la distanciation physique. 

Les personnes vivant dans les autres sites pour réfugiés et demandeurs d'asile à Samos, Chios, Kos et Leros sont coincées dans les mêmes conditions inhumaines. À Kos, les nouveaux arrivants sont automatiquement détenus depuis janvier. Le hotspot de Samos, initialement construit pour 648 personnes, en accueille aujourd'hui 4 314. On y enregistre plus de 90 cas positifs au coronavirus et aucun plan d'intervention médicale adéquat n'est mis en place.

Nouveau pacte, ancienne politique

Plus d'un demi-million de personnes ont signé des pétitions appelant les dirigeants européens à évacuer les personnes piégées sur les îles grecques. L'objectif : mettre fin aux politiques d'endiguement qui ont causé ce cycle de traitements inhumains et d'abus au cours des cinq dernières années. Le modèle de politique migratoire européenne n'est pas, pour autant, remis en question.
 

Les conditions de vie du camp de Vathy ont un lourd impact sur l'état de santé de ses habitants.
 © Enri Canaj / Magnum Photos pour MSF
Les conditions de vie du camp de Vathy ont un lourd impact sur l'état de santé de ses habitants. © Enri Canaj / Magnum Photos pour MSF

Le nouveau pacte sur les migrations, présenté il y a deux semaines par la Commission européenne – actuellement en discussion au sein du Conseil de Justice et aux affaires intérieures – semble même, au contraire, consolider les politiques qui ont causé des années de souffrance sur les îles de la mer Égée. Il élargit les procédures obligatoires aux frontières, et est ouvertement orienté vers la dissuasion et le retour, au lieu de l'accueil et de la protection de ces personnes.

MSF réitère son appel à désengorger de toute urgence les îles grecques et à orienter les réfugiés et demandeurs d'asile vers des lieux sûrs et dignes, sur le continent. Les dirigeants européens doivent arrêter immédiatement de les maintenir volontairement sur ces îles et abandonner les propositions visant à mettre en place des installations aux frontières des pays européens. 

Pour agir à nos côtés et exiger des gouvernements européens qu'ils prennent leurs responsabilités, signez la pétition.

Notes

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