Pour combattre le coronavirus, MSF se déploie en Europe

MSF Intervention in Leganés
Hôpital temporaire pour les personnes atteintes du Covid-19, installé par MSF à Leganes en Espagne, afin de désengorger les hôpitaux de la région. © Olmo Calvo

L’Europe est aujourd’hui l’épicentre de la pandémie covid-19. Le virus a frappé de plein fouet l’Italie pour se propager rapidement à l’Espagne, la France et les pays voisins. Fin mars, la pandémie avait fait plus de 10 700 morts en Italie, 6 800 en Espagne  et 2 600 en France, mettant en surtension les systèmes de santé pourtant avancés. Présentes dans plusieurs pays de la région, les équipes MSF se déploient en soutien aux autorités sanitaires locales.

En France, en concertation avec les autorités sanitaires, MSF intervient en Ile-de-France auprès des populations les plus vulnérables, comme les personnes migrantes, envers lesquelles nos équipes sont déjà actives depuis plusieurs années. Mardi 24 mars 2020, 700 personnes ont été évacuées d'un camp à Aubervilliers près de Paris, où elles vivaient dans des conditions précaires. Elles ont été transférées sur différents sites réquisitionnés en urgence par les autorités à Paris et en Ile de France. Des équipes MSF sont déployées dans certains de ces sites pour évaluer leur santé et identifier les cas potentiels de Covid-19.

Pas de masque, pas de test

« Il n’y a aucun dépistage cohérent aujourd’hui en France puisqu’il y a un manque de moyens pour pouvoir dépister » explique Corinne Torre, cheffe de mission MSF en France. « En l'occurrence sur le site où nous étions mardi 24 mars, nous avons eu cinq kits, il y avait en tout 600 personnes sur les 6 sites d’hébergement ce qui est absolument insuffisant. On manque de masques, on manque de tous les équipements basiques. Tous les acteurs de santé aujourd’hui sont en difficulté par manque de moyens, d’équipements fournis normalement par le Ministère de la santé » continue la cheffe de mission.

Des équipes MSF sont déployées dans certains des lieux réquisitionnés d'hébergement d'urgence pour évaluer la santé de cette population à risque et identifier les cas potentiels de coronavirus. Paris, 24 mars 2020.
 © Agnes Varraine-Leca/MSF
Des équipes MSF sont déployées dans certains des lieux réquisitionnés d'hébergement d'urgence pour évaluer la santé de cette population à risque et identifier les cas potentiels de coronavirus. Paris, 24 mars 2020. © Agnes Varraine-Leca/MSF

En région parisienne, les équipes MSF soutiennent certains centres de santé recevant des personnes atteintes du Covid-19 afin d’améliorer le contrôle et la prévention des infections, ainsi que les circuits des patients infectés au sein des établissements de santé pour éviter la contamination du personnel médical et des autres malades.

Point de rupture

En Italie, MSF a commencé mi-mars des activités de soutien en Lombardie, dans le nord du pays: contrôle et prévention des infections, sensibilisation, soins à distance des patients dans trois hôpitaux de la région, principal foyer de coronavirus en Italie.

« Dans la salle d'urgence de l'hôpital de Lodi, il y a maintenant 80 lits » raconte Chiara Lepora, médecin et coordinatrice de projets à Lodi en Lombardie, épicentre du Covid-19 en Italie et où MSF soutient plusieurs hôpitaux. « Pourtant, même avec cette capacité supplémentaire, la seule façon de référer un nouveau patient c’est d’attendre qu’un autre patient se rétablisse ou décède. »

« Tout le monde ici travaille au-delà de ses limites, 24 heures sur 24. On s’adapte, on apprend, on collabore pour sauver le plus de vies possible, et on fait face au nombre important de morts » continue Chiara Lepora.

Protéger les plus vulnérables

Dans les régions du centre de l’Italie, les équipes sont également présentes dans des maisons de repos pour personnes âgées, plus vulnérables au virus.

Une équipe MSF est en train d'installer un hôpital temporaire à Leganes, en Espagne.
 © Olmo Calvo/MSF
Une équipe MSF est en train d'installer un hôpital temporaire à Leganes, en Espagne. © Olmo Calvo/MSF

Côté espagnol, la stratégie est identique. MSF a mis en place deux hôpitaux temporaires près de la capitale, Madrid, gérés par les autorités locales pour prendre en charge les patients atteints du Covid-19. « Notre objectif est double : aider à soulager la pression sur les hôpitaux et les centres de santé afin qu'ils puissent se concentrer sur les patients les plus sévères, et renforcer la protection de nos aînés, l'un des groupes les plus vulnérables de cette épidémie », explique le Dr David Noguera, Président de MSF Espagne.

En Suisse et en Belgique, où le nombre de malades est en train d’augmenter, les équipes MSF ont déjà commencé à intervenir dans les deux pays. A Bruxelles, elles ont mis en place une structure de triage et d'accueil d'une capacité de 50 lits, pouvant être étendue à 150 lits, pour les personnes vulnérables. Le but de ce projet est de créer un hébergement pour les personnes migrantes, où elles peuvent être isolées, recevoir le suivi médical nécessaire et, si nécessaire, être transférées dans des établissements médicaux de la ville.

Comme en Espagne et en Italie, une équipe mobile de détection et de sensibilisation assure la promotion de la santé et la prévention et le contrôle des infections, au sein de maisons de repos de la région bruxelloise avec la possibilité de fournir un soutien psychologique si nécessaire.

L'hôpital temporaire installé par les équipes MSF près de Madrid, à Alcala de Henares.
 © Olmo Calvo/MSF
L'hôpital temporaire installé par les équipes MSF près de Madrid, à Alcala de Henares. © Olmo Calvo/MSF

Gérer les corps

Les décès liés au Covid-19 représentent une épreuve complexe pour le personnel en charge afin d’éviter les transmissions post-mortem de la maladie. En contact avec la ville de Genève, MSF est en lien avec les responsables, publics et privés, de la gestion des corps afin d’évaluer et d’émettre des recommandations sur les procédures en place.

L’association soutient logistiquement les associations et les services de la ville pour assister les personnes marginalisées, sans-abris, migrants et mineurs non accompagnés dont les conditions d’accueil et d’hébergement sont soumises à des normes d’hygiène et de distance sociale. Les équipes prévoient ainsi un accompagnement via des formations dispensées aux volontaires mobilisés dans les abris et autres lieux d’accueil, et qui assurent la distribution de produits de première nécessité et coupons de nourriture à environ 1 300 familles.

Évacuer les camps grecs en urgence

En Grèce, les hot-spots situés sur les îles sont au coeur des préoccupations. Les camps accueillent actuellement plus de 40 000 demandeurs d’asile alors qu’ils sont prévus initialement pour 6 000 personnes.

« Dans certaines parties du camp de Moria, à Lesbos, il n'y a qu'un seul point d'eau pour 1 300 personnes et pas de savon. Des familles de cinq ou six personnes doivent dormir dans des espaces ne dépassant pas 3m² », explique le Dr Hilde Vochten, coordinatrice médicale MSF en Grèce. « Cela signifie que les mesures recommandées comme le lavage fréquent des mains et la distanciation sociale pour prévenir la propagation du virus sont tout simplement impossibles. »

Olive grove, où se sont installées de nombreuses familles, se trouve à proximité du camp de Moria. 30 000 personnes y vivent, alors que la capacité d'accueil du camp est de 3 000. Lesbos, octobre 2019.
 © Anna Pantelia/MSF
Olive grove, où se sont installées de nombreuses familles, se trouve à proximité du camp de Moria. 30 000 personnes y vivent, alors que la capacité d'accueil du camp est de 3 000. Lesbos, octobre 2019. © Anna Pantelia/MSF

A Samos, MSF contribue à mettre en place l'isolement des cas simples dans le camp et évalue le soutien dont les hôpitaux ont besoin tandis qu'à Lesbos, les équipes ont préparé un plan d'urgence pour le camp de réfugiés de Moria dans l’éventualité d’une augmentation des cas dans un camp déjà sous tension et surpeuplé, où les familles vivent enfermées dans des conditions inhumaines depuis cinq ans.

Notes

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