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Contexte

Les antibiotiques représentent l’une des principales innovations de la médecine au XXème siècle. Ils ont permis de révolutionner le traitement de certaines maladies infectieuses comme les pneumonies, la tuberculose ou la peste, en réduisant considérablement le nombre de décès liés à ces maladies.

Au cours des dernières décennies, les bactéries ont développé des mécanismes d’adaptation leur permettant de résister à des environnements hostiles, notamment à la présence d’antibiotiques. Ces bactéries devenues résistantes ne cessent de se propager, et ce, sur tous les continents. Depuis 2016, la lutte contre l’antibiorésistance est reconnue comme une priorité mondiale par les Nations unies, qui préconise un meilleur usage des antibiotiques existants, en passant – entre autres –, par un renforcement des systèmes de santé et des capacités de diagnostic. Pour Médecins Sans Frontières (MSF), le phénomène est un véritable enjeu au vu de l'importante cohorte de patients qu'elle prend en charge sur ses terrains d'intervention, lui permettant de mieux comprendre et de mieux décrire la prévalence des antibiorésistances, selon le contexte et la zone géographique. 

L'antibiorésistance fait partie de la famille des maladies considérées comme des « grandes tueuses ». On estime que si l'on continue à utiliser des antibiotiques de manière non rationnelle, comme c'est le cas aujourd'hui, l'antibiorésistance entraînera le décès de 10 millions de personnes par an à l'horizon de 2050 et en plongera plus de 28 millions dans l'extrême pauvreté. 

Source : Drugs for Neglected Diseases initiative
Source : Drugs for Neglected Diseases initiative

L'antibiorésistance est l'un des grands enjeux du XXIe siècle en termes de santé publique. Pourtant ce phénomène reste méconnu et mal documenté, alors qu'il s'agit d'une priorité de santé mondiale.

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Les causes de l'antibiorésistance

La mauvaise utilisation des antibiotiques est en partie responsable du développement de l’antibiorésistance. Leur surprescription ou leur utilisation hors prescription relève à la fois d'une administration médicale banalisée et d'un mauvais usage généralisé des antibiotiques : la durée et/ou le dosage du traitement étant peu, voire pas, respecté. Le recours à des antibiotiques puissants pour traiter des infections simples, des maladies bénignes ou virales, a par ailleurs prouvé son inefficacité. L’utilisation massive d’antibiotiques dans l’élevage – et dans une moindre mesure, dans l’agriculture –, contribue également au phénomène : le développement de la résistance chez les bactéries animales peuvent ensuite être transmises à l’homme, par contact direct ou ingestion.
L’antibiorésistance peut aussi se développer à cause du non-respect des règles d’hygiène et de contrôle infectieux dans les hôpitaux, favorisant la propagation des bactéries – y compris résistantes – entre patients. Enfin, l’accélération de la circulation des personnes, qui fait de l’antibiorésistance une problématique globale, et la diffusion de bactéries résistantes portées par des individus sains, entrent également en jeu.

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Des stratégies complémentaires pour lutter contre le phénomène

MSF s’inscrit dans un effort global de lutte contre l’antibiorésistance par différentes stratégies : 

Depuis plus de vingt ans, grâce aux activités de la Campagne pour l'accès aux médicaments essentiel (CAME), MSF se mobilise pour lutter contre les obstacles politiques et juridiques entravant l’accès aux traitements médicaux.  Cette Campagne a mené à la création du DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative), une organisation de recherche visant à concevoir de nouveaux traitements contre les maladies négligées. En collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé, le DNDi a mis en place un Partenariat mondial pour la recherche et le développement sur les antibiotiques (GARDP), en 2016. Le GARDP développe ainsi de nouveaux traitements pour lutter contre les infections résistantes aux médicaments, tout en œuvrant pour rendre ces traitements disponibles de manière durable et accessibles pour toute personne qui en a besoin.

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Sous le microscope : l'analyse des formes de résistance

Afin d'assurer un traitement adapté pour chaque patient et d'utiliser les antibiotiques de manière plus raisonnée, MSF met en place des laboratoires de microbiologie pour soigner au mieux les populations vulnérables (blessés de guerre, enfants malnutris, patients atteints par le VIH/Sida, etc.) affectées par des infections bactériennes. Dans le laboratoire microbiologique de l'hôpital MSF d'Aden au Yémen par exemple, les techniciens de laboratoire analysent les échantillons prélevés sur les patients pour identifier les résistances aux antibiotiques parmi les autres types de bactéries courantes. Cela permet de choisir le meilleur médicament et de faciliter le processus de traitement des infections. 

« Le laboratoire de microbiologie de l'hôpital d'Aden reçoit des échantillons de sang, d'urine, de tissus osseux et de liquides de la colonne vertébrale. Nous analysons les échantillons en testant leur résistance aux antibiotiques. Puis, nous partageons les résultats avec les médecins qui suivent le cas. »
Emad Saif, technicien dans le laboratoire de microbiologie de MSF à Aden

MSF a également décidé de développer un laboratoire portable, le Mini Lab, présentant toutes les fonctionnalités d'un laboratoire classique, mais adapté aux conditions dans lesquelles elle intervient. Ce laboratoire en kit permettra donc, à terme, de contribuer à la lutte contre l’antibiorésistance en testant les bactéries responsables des pathologies que les équipes rencontrent.
 

La Fondation MSF développe aussi une application gratuite pour smartphone, AntibioGO, conçue pour aider les médecins et les cliniciens à diagnostiquer la résistance aux antibiotiques dans les milieux à faibles ressources. Cette application utilise le traitement de l’image et l’intelligence artificielle pour faciliter l’interprétation des tests qui mesurent la résistance aux antibiotiques. Plus spécifiquement, l’application, disponible hors ligne, permettra au personnel MSF ainsi qu’à d’autres professionnels de santé, non spécialisés dans la résistance aux antibiotiques, d’analyser les images d’antibiogrammes à l’aide d’un smartphone ou d’une tablette, et de décider du traitement le plus adapté à chaque patient.

© Gwenn Dubourthoumieu

MSF recherche des microbiologistes

Nous recherchons des microbiologistes pour nos missions de terrain, afin de mettre en place des laboratoires d'analyses microbiologiques pour des populations vulnérables affectées par des infections bactériennes et afin de lutter contre l’antibiorésistance.

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