République centrafricaine, Bangui : « L’acharnement des coups »

Sabine le 5 décembre à l'hôpital communautaire
Sabine, le 5 décembre, à l'hôpital communautaire © Samuel HANRYON / MSF

Alors que, depuis des semaines, Bangui (capitale de la République centrafricaine) est en proie à la violence, la plupart des hôpitaux ne sont plus fonctionnels. Jessie Gaffric est coordinatrice de projet pour MSF. Elle gère nos activités dans l’unique service de traumatologie de la ville situé à l’hôpital Communautaire. Depuis le début des affrontements à Bangui, le 5 décembre, plus de 700 patients, majoritairement des blessés par balles ou armes blanches, y ont été pris en charge par nos équipes.

Quasi désertée, l’avenue des Martyrs, l’une des principales artères de Bangui, semble paisible. Difficile d’imaginer que de violents accrochages ont eu lieu ici même et la veille entre groupes armés. C’est là, non loin du stade, que se situe l’hôpital communautaire, structure de référence de la capitale. Le bâtiment décrépi héberge un service de traumatologie, le seul de la ville, actuellement géré par MSF.

« Déjà en novembre dernier, nous avions identifié un besoin criant en soins chirurgicaux et nous avions lancé notre activité dès le 2 décembre, explique Jessie Gaffric, coordinatrice du projet pour MSF. Personne alors ne se doutait que la situation exploserait trois jours après. Ce jour-là, nous avons reçu 120 blessés et encore 60 le lendemain. Nous étions submergés. Nous avons dû gérer la situation dans des conditions extrêmement difficiles, c’était le chaos. Comme l’hôpital manquait de place, nous avons installé des tentes dans son enceinte pour accueillir les patients ayant besoin de soins postopératoires.  Au fil du temps et de l’urgence, nous avons amélioré le circuit du patient, la gestion de du service des urgences, la qualité des soins…»

Depuis son ouverture, ce service a pris en charge près de 800 personnes blessées, essentiellement par balles et armes blanches. Le 11 janvier, plusieurs patients, envoyés par d’autres centres de santé MSF situés dans Bangui ou dans les camps de déplacés de la ville, sont arrivés à l’hôpital communautaire. Un homme a été amené en ambulance. Blessé au pied par une balle, il a essayé de se soigner lui-même. L’infection était telle qu’il a fallu l’amputer. Un autre avait eu un accident de moto. Un autre encore présentait une blessure par arme blanche. Tous les jours, les arrivées de patients se succèdent et chaque cas est différent. En moyenne, ce sont une vingtaine de blessés qui arrivent chaque jour, avec des pics d’affluence certains jours. Ainsi, le 11 janvier, nous avons reçu 57 patients…

« Les principales difficultés que nous rencontrons sont la gestion du temps, notamment parce que nous devons quitter l’hôpital à 18h au plus tard, heure du couvre-feu, et l’insécurité, explique Jessie. Neuf expatriés et une cinquantaine de personnels centrafricains travaillent dans cette structure. Parmi ceux-ci, certains vivent dans les camps de déplacés, ne peuvent pas venir travailler quand il y a des affrontements ou sont même obligés de rester dormir à l’hôpital. Ce qui est aussi marquant, c’est la gravité des blessures, qu’elles soient par arme blanche ou par machette. Elles témoignent du niveau de violence, de l’acharnement des coups... »

Jusqu’à présent, les deux blocs opératoires de l’hôpital communautaire étaient gérés par MSF. Depuis peu, le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a repris l’un des blocs. A terme, le CICR doit intégralement reprendre le service chirurgical. MSF se prépare à travailler dans un autre hôpital de la ville.

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► Retrouvez notre dossier consacré à la crise frappant la République centrafricaine.

Notes

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