Comme l’hôpital a été détruit, de nombreuses personnes ont également perdu la vie en raison du manque d’accès aux soins médicaux. Les femmes enceintes n'avaient pas d'espaces sûrs pour accoucher et les enfants n'avaient nulle part où se faire vacciner contre des maladies infectieuses et souvent mortelles. Pour répondre à ces besoins, les équipes MSF à Tambura ont commencé à fournir des soins de santé essentiels - vaccination et soins de santé materno-infantile notamment. Un avion-cargo a effectué chaque semaine des livraisons. MSF a également fourni de l'eau potable et a commencé à reconstruire et à rénover l'hôpital de Tambura. Cependant, après les épisodes traumatiques vécus par la population, l'un des plus grands besoins était alors la promotion et l'accessibilité des soins de santé mentale.
Vivre dans la peur et l’incertitude quant à l'avenir, ou subir et être témoin d'une violence extrême, sont autant de facteurs de stress qui participent à la détérioration de la santé mentale des personnes déplacées à Tambura et ses environs. Sans un espace approprié pour prendre en charge ces expériences traumatisantes, les symptômes peuvent s'aggraver et, dans certains cas, se traduire par des manifestations physiques.
« Les symptômes les plus courants que nous observons chez les gens sont du stress, de la tristesse, ainsi que de l'anxiété quant à leur avenir et à leur retour chez eux. Certaines personnes ont vu leur maison incendiée ou volée. Maintenant ils n'ont plus rien, a déclaré Ariadna Alexandra Pérez Gudiño, responsable des activités de santé mentale chez MSF. Sans vraiment discuter de leurs expériences, sans accepter ce qui leur est arrivé, cela peut provoquer une réaction physique. En termes psychologiques, c'est comme avoir une plaie ouverte qui n'est pas traitée. »
Pour répondre aux besoins de soins de santé mentale de la population de Tambura, MSF a décidé de fournir des soins exhaustifs en collaborant avec les communautés. Travaillant avec une équipe de quatre conseillers de Tambura, Ariadna Alexandra Pérez Gudiño a commencé à parler des différents besoins avec son équipe : « Il y a une expérience collective ici. Tout le monde a été déplacé et a été témoin de violence. Nous n'allons pas changer leurs expériences et la réalité dans laquelle ils vivent. Notre objectif est d'aider les gens à comprendre ce qui s'est passé et à les soutenir avec des mécanismes de survie pour aider à réduire leurs souffrances. »