Le Yémen était déjà un pays marqué par la violence avant l'apparition de la guerre civile en 2014, mais le niveau des combats et des destructions est inédit depuis l’intervention d’une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis en mars 2015, pour maintenir le régime du président Habdrabbo Mansour Hadi au pouvoir.
La résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies en avril 2015, qui impose notamment un embargo sur les livraisons d’armes aux Houthis, s’est traduite dans les faits par le bombardement des équipements stratégiques de nature à conférer un avantage aux rebelles houthis (routes, aéroports, ports, etc.), mais aussi par le bombardement d’infrastructures civiles : marchés, stations essence, champs, hôpitaux etc. Les centres de santé Médecins Sans Frontières – ou soutenues par MSF – ont ainsi été à de nombreuses reprises bombardées par la coalition depuis 2015.
Cela a également conduit à des restrictions dans les importations, entraînant des problèmes d’accès – pénurie ou augmentation des prix – à des biens de première nécessité, notamment le carburant et les médicaments.
La ville d'Aden, dans le sud-ouest du pays, a été le théâtre de plusieurs épisodes d'affrontements extrêmement violents depuis le début de la guerre : ses habitants vivent dans une insécurité permanente. Les combats et les bombardements sont également fréquents à Taïz, une autre grande ville située sur la ligne de front, avec de graves conséquences pour la population.
Déjà défaillant avant le début du conflit, le système de santé yémenite s’est depuis effondré et la population n'a que très peu d'options pour se faire soigner. La situation s'est encore aggravée en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, d'une grave crise économique et du sous-financement alloué par l'Organisation des Nations unies dans sa réponse humanitaire. Les restrictions d’accès imposées par les belligérants, la précarité des conditions sécuritaires et les difficultés rencontrées par les journalistes pour travailler au Yémen, compliquent encore davantage l'obtention d'informations fiables et indépendantes sur le conflit et l’état du pays.
La mini-série « À 2 heures du front. Journal de bord d'un hôpital yéménite » témoigne des conditions dans lesquelles les équipes aident la population. Après six années de guerre, on estime que le conflit aurait fait au moins 100 000 morts. Selon le groupe de surveillance indépendant Yemen Data Project, plus de 18 500 civils auraient été blessés ou tués par les raids aériens de la coalition, entre 2015 et la fin de l'année 2020.