Une équipe de MSF a pris en charge plus de 67 blessés à Beni Hassan, dans le nord-ouest du Yémen, après que plusieurs frappes aériennes ont ciblé un marché en pleine activité le 4 juillet au soir alors que les gens venaient de rompre le jeûne du Ramadan. Une vingtaine de personnes ont été tuées dans l’attaque de ce marché situé dans le quartier de Harad, et l’équipe MSF a retrouvé le lendemain neuf cadavres sous les décombres. Un homme âgé qui avait été blessé a par ailleurs été récupéré et transféré au centre de santé de Beni Hassan, soutenu par MSF depuis mai 2015.
L’attaque du marché, appelé triangle d’Aahem, a démarré vers 20h30 quand une cuisine ambulante a été frappée. Une demi-heure plus tard a eu lieu une deuxième attaque au cœur du marché à une heure de grande affluence, touchant alors deux restaurants et un hôtel.
L’équipe MSF a été appelée à Beni Hassan une heure plus tard lorsque des voitures de particuliers et des véhicules de transport en commun amenaient déjà des blessés au centre de santé. L’équipe a stabilisé les patients blessés et en a référés trois dans les principaux hôpitaux de la région, celui d’El Joumhouri à Hajjah et ceux d’El Olafi et El Thawara à Hodeida. MSF a donné des kits pour le traitement de 100 blessés à l’hôpital d’El Joumhouri qui a reçu plus de 40 blessés au total et a également fourni du carburant et des ambulances.
Les équipes médicales ont été rapidement débordées par le nombre de blessés et la gravité des blessures. « C’était terrible. Nous n’aurions jamais pu imaginer recevoir en une fois un si grand nombre de personnes grièvement blessés dans un petit centre de santé comme celui de Beni Hassan, a observé le Dr Ammar de MSF. Toute l’équipe a été choquée par ce qu’elle a vu, en particulier parce que cela est arrivé à des gens qui passaient une agréable soirée de Ramadan. »
« C’est inacceptable que des frappes aériennes se produisent dans des zones densément peuplées par des civils là où les gens se rassemblent et ont leurs activités quotidiennes, en particulier à une période comme le Ramadan », note Colette Gadenne, chef de mission MSF au Yémen.
Depuis le début du conflit au Yémen, il y a eu dans la région plusieurs attaques faisant un grand nombre de victimes civiles, dont de nombreuses personnes déplacées déjà extrêmement vulnérables et vivant dans des conditions précaires.
Dans le sud du Yémen, les équipes MSF sont venues en aide aujourd’hui à 23 civils blessés, suite à une frappe aérienne sur le marché d’El Fyoush, dans le gouvernorat de Lahj. Dans la ville voisine d’Aden, plus de 80 blessés, dont des femmes et des enfants, ont été pris en charge par le personnel MSF le 1er juillet, à la suite d’un bombardement sur une zone résidentielle dans le quartier d’Al-Mansoura. Du fait des bombardements et des affrontements à Aden, les équipes MSF reçoivent de manière continue des blessés dans l’hôpital des Urgences chirurgicales. Ces quatre derniers mois, plus de 2 800 blessés, dont des femmes et des enfants, ont été pris en charge.
Le 5 juillet, dans le gouvernorat d’Amran, dans l’est du pays, un hôpital soutenu par MSF a reçu sept blessés et parmi eux trois enfants de moins de 13 ans, à la suite de frappes aériennes sur le quartier de Harf Soufian.
Des violences ont aussi visé le gouvernorat de Taïz, dans le sud-ouest du Yémen, où des tirs à l’arme lourde ont fait des blessés et des morts, des femmes et des enfants se trouvaient parmi les victimes. Entre le 2 et le 5 juillet, l’hôpital El Rawdah soutenu par MSF a reçu 93 blessés et 16 personnes décédées après que plusieurs zones résidentielles eurent été bombardées. Pour la seule journée du 4 juillet, l’hôpital a reçu 18 blessés dont un bébé d’un an.
A Taïz, MSF soutient des hôpitaux où sont pris en charge des blessés des deux parties belligérantes en leur donnant des kits de pansements et des kits chirurgicaux. Depuis mars 2015, l’hôpital El Rawdah a reçu au total 2 193 blessés avec des femmes et des enfants parmi eux et 298 victimes de violences, décédées. La situation humanitaire continue de se détériorer et atteint des niveaux inacceptables. Des familles se retrouvent piégées derrière les lignes de front dans l’incapacité d’avoir de la nourriture, du carburant, des bombonnes de gaz.
Outre les attaques dans les zones densément peuplées de civils, les infrastructures médicales et leur personnel ont été ciblés de manière intensive, ce qui a eu un grave impact sur la capacité des structures de santé à répondre aux besoins dans un contexte aussi violent. L’hôpital de Harad, l’un des rares hôpitaux entièrement opérationnels dans la région de Hajjah, a été bombardé à la mi-juin et n’est plus fonctionnel depuis. Avant l’attaque sur le marché d’Aahem le week-end dernier, une équipe MSF qui visitait l’hôpital bombardé de Harad s’est retrouvée sous le feu de tirs et a dû fuir la ville.
Au Yémen, les équipes MSF sont présentes dans les gouvernorats d’Aden, Sanaa, Al-Dhale, Amran, Sa’ada, Taïz et Hajjah.
Activités de MSF au Yémen
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