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Pakistan : « Nous avons aperçu des milliers de personnes prises au piège »

Dr James Kambaki  chef de projet au Baloutchistan
Dr James Kambaki, chef de projet au Baloutchistan

Les fortes pluies qui se sont abattues en continu sur les provinces de Khyber Pakhtunkwa et du Baloutchistan ont grandement nui au déploiement de l\'aide humanitaire. James Kambaki, chef de projet MSF au Baloutchistan, décrit l\'impact de ce phénomène sur les efforts quotidiens de recherche des victimes des inondations.

« Nous avons entendu qu'un groupe de gens était piégé et isolé aux alentours de Kabula, mais nous ignorions où ils se trouvaient précisément. Il nous a fallu plus de deux jours de recherche en véhicule tout terrain pour les retrouver, en raison des difficultés de déplacement causées par l'inondation. J'ai eu un choc lorsque nous les avons retrouvés. Trois ou quatre jours auparavant, j'étais dans les environs, et le secteur était complètement sec. Les habitants s'occupaient de leur culture, de leur bétail et soudain, tout a été submergé par les inondations. Habituellement, il pleut avant une inondation. Cette fois-ci, c'est sous un soleil de plomb qu'elle est survenue.

Nous avons roulé aussi loin que nous le pouvions et avons finalement aperçu des milliers de personnes prises au piège sur une petite portion de route encerclée d'eau, de l'autre côté d'un grand canal. Elles étaient visiblement désespérées et nous faisaient signe de venir les aider, mais il nous était impossible de traverser. Un homme, pris de désespoir, s'est jeté dans l'eau et s'est mis à traverser à la nage le canal inondé, jusqu'à nous. Il est sorti de l'eau et nous a dit : « Cela fait sept jours que nous sommes ici et nous n'avons toujours rien mangé. » Il nous a dit que de l'autre côté du canal se trouvaient 3 000 familles qui s'étaient fait prendre par surprise par l'inondation. La plupart ont perdu leur maison dans l'inondation. Ils ont perdu la majeure partie des vivres et des biens qu'ils possédaient.

Beaucoup d'enfants jouaient gaiement dans la boue. Ils devaient trouver cette situation amusante et insolite par rapport à leur quotidien, mais pour leurs parents, ce n'était que désolation.

Carte de nos activités au Pakistan
Zoom sur Kabula au Baloutchistan
Carte-baloutchistan
Un vieil homme m'a pris à part et a montré l'autre rive du doigt en disant : « Ma maison est là-bas. » Mais je ne voyais que de l'eau, sa maison était complètement submergée. La majorité de ces gens sont des ouvriers agricoles qui travaillent pour des propriétaires terriens, alors cette étendue boueuse est le seul endroit où ils peuvent rester. La famille de ce vieil homme avait presque tout perdu.

Afin qu'ils se bâtissent des abris temporaires pour se protéger du soleil, nous avons distribué aux personnes qui se trouvaient de notre côté du canal et à ceux qui s'y étaient rendus à la nage, 250 kits d'hygiène, en plus d'ustensiles de cuisine et de bâches en plastique.

L'eau potable est un problème encore plus préoccupant. En général, la population va chercher de l'eau dans le canal, mais celui-ci est maintenant complètement contaminé. Je n'ai toutefois pas pu les décourager de boire, puisqu'ils n'ont pas d'autre alternative. Nous prévoyons une augmentation des cas de diarrhée, d'infections des voies respiratoires, de malnutrition. C'est pourquoi nous prévoyons de mettre sur pied dans les prochains jours un dispensaire mobile pour soigner les malades.
Nous ferons tout ce que nous pouvons pour venir en aide à ces personnes en détresse. Nous espérons trouver un autre chemin pour arriver jusqu'à eux. »

 

 

 

DossierDossier spécial inondations au Pakistan

 

Notes

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