Selon les victimes et d’autres habitants de Kikamba, dans la soirée du 1er mai, des dizaines d'hommes armés ont pris le village d'assaut, ont pillé les maisons, battu les hommes qu'ils ont rencontrés et violé de nombreuses femmes jusqu’à l’aube. Dans leur fuite, ils ont pris une trentaine d'enfants afin de les utiliser comme porteurs, pour ensuite les libérer.
Alertée, l'équipe de MSF est arrivée 24 heures après pour fournir une assistance médicale aux victimes. Avec la présence de MSF dans le village, de nombreuses victimes se sont rendues au centre de santé, parmi lesquelles plusieurs femmes déclarant avoir été violées par les assaillants. A ce jour, 127 femmes (âgées de 14 à 70 ans) ont signalé avoir été agressées sexuellement. Une procédure a été mise en place pour effectuer un suivi des victimes tout en leur garantissant la confidentialité.
« Malheureusement, dans le contexte de la RDC, les agressions sexuelles en masse ne sont pas un cas exceptionnel, a affirmé le chef de mission de MSF au Sud Kivu, Francisco Otero. Dans ce cas, de nombreuses victimes ont rapidement souhaité une assistance médicale. Ce qui n’arrive pas toujours , dans beaucoup de cas les victimes ne rapportent pas ce type d’agression par peur de représailles de la part de leurs assaillants ou du rejet par la communauté », a-t-il ajouté.
Le soutien de MSF au dispensaire de Kikamba a commencé en 2010 en raison de l'afflux massif de personnes déplacées et a été ensuite maintenu pour assurer l'accès des résidents locaux à des soins de santé de base. Dans la région, MSF appuie l’Hôpital Général de Shabunda et le Centre Hospitalier de Matili, ainsi que six dispensaires. En 2014, plus de 150 000 consultations ont été réalisées dans cette région, dont 260 liées à des agressions sexuelles.