MSF a déployé des équipes médicales d'urgence supplémentaires dans quatre provinces, soit environ la moitié du pays. En 2011, plus de 158 000 personnes ont été prises en charge contre 45 000 en 2009. Et cette année, 85 000 personnes ont déjà été traitées au cours des trois premiers mois.
« Pendant le pic de l’épidémie, nous avons vu arriver environ 25 patients par jour atteints de paludisme grave. Un certain nombre d’entre eux, jusqu’à 10 par jour, nécessitait des transfusions sanguines, parce qu’ils arrivaient complètement anémiés. En plus de ces cas graves, nous avons pris en charge entre 800 et 1200 cas de paludisme non-compliqué dans les centres de santé de MSF », raconte le Dr Jennifer Turnbull, qui travaille à l’hôpital de Mweso, dans le Nord Kivu.
« Pour le traitement des formes sévères, nous avons pu utiliser un traitement plus efficace, qui a permis de réduire la durée du traitement à une injection par jour, contre plusieurs heures de perfusion auparavant. Ainsi, le taux de mortalité est resté bas tout au long de l’épidémie, et ce malgré la lourde charge de travail et la gravité des cas traités. »
Les causes exactes de cette flambée sont incertaines, mais elle s’inscrit dans le contexte d’un système de santé où les moyens font défaut : manque de médicaments adéquats, d’approvisionnement médical et de personnel médical correctement formé, mais aussi de moyens de dépistage et de prévention.
« Il est inquiétant de voir une si grande proportion de paludisme sévère. En dehors des villes, l’accès aux traitements est difficile, notamment à cause de leur prix et de l’éloignement des centres de soins. Et quand les médicaments sont disponibles, ils sont parfois inadaptés ou périmés », explique le Dr Jorgen Stassijns, spécialiste du paludisme pour MSF.
Dans les Kivus et, plus récemment, dans le nord de la province du Katanga, l’insécurité croissante et la reprise des combats constituent un obstacle supplémentaire empêchant les populations de se faire soigner. Dans les provinces Orientale, du Maniema, de l’Equateur et du Katanga, le système sanitaire est débordé et peu d’autres acteurs médicaux sont présents.