Rougeole au Katanga: « Nous craignons des flambées épidémiques dans d’autres régions de la RD Congo »

Centre de traitement rougeole de l'hôpital général de référence de Mulongo Katanga RDC. Septembre 2015.
Centre de traitement rougeole de l'hôpital général de référence de Mulongo, Katanga, RDC. Septembre 2015. © Leonora Baumann/hanslucas.com

Caroline Voûte, coordinatrice de la réponse à l’urgence rougeole au Katanga, en République démocratique du Congo (RDC), fait le point sur l’épidémie en cours depuis le début de l’année 2015 dans cette région minière du pays. Si la maladie semble décliner sur ce territoire, des cas persistent dans d’autres provinces et les risques de flambées épidémiques restent importants.

« La RDC connaît une situation d’épidémie continue depuis 2010. Alors que l’on estime aujourd’hui que l’épidémie de rougeole est sur le déclin dans la province du Katanga, nous restons très inquiets de la persistance de cas de rougeole dans la plupart des autres provinces de la RDC et, par voie de conséquence, du risque de déclenchement de nouvelles flambées épidémiques.

A chaque fois, et alors que la rougeole est largement évitable par la vaccination, d’énormes moyens humains et financiers doivent être déployés pour combattre ces épidémies. En 2011, le Katanga avait déjà fait face à l’une des plus importantes épidémies de rougeole. MSF avait alors vacciné 2,1 millions d’enfants. La dernière crise pose à nouveau la question de l’efficacité des campagnes de vaccinations précédentes ? Il est urgent de tirer les leçons de cette épidémie et de prendre les mesures nécessaires pour améliorer la vaccination de routine, afin d’éviter une nouvelle flambée dans les années à venir.

Officiellement, plus de 39 000 cas et près de 500 décès ont été rapportés au Katanga entre janvier et fin novembre 2015, mais ces chiffres sont largement sous-estimés, comme le montrent déjà les enquêtes rétrospectives de mortalité menées dans certaines zones. En effet, dans les parties les plus reculées et économiquement sinistrées de ce territoire pourtant riche d’immenses réserves minérales exploitées, le paysage sanitaire ressemble à un désert. En particulier dans les zones rurales. Les centres de santé connaissent des ruptures « chroniques » de médicaments, le personnel médical qualifié y est rare et les tarifs des soins sont exorbitants, ce qui décourage la population, déjà très défavorisée, d’aller se faire soigner. Dans un tel contexte, la surveillance épidémiologique est défaillante et les chiffres réels ne sont pas remontés aux autorités sanitaires. Par conséquent, la reconnaissance de l’épidémie et la réponse ont donc été tardives.

MSF a débuté son intervention en avril dernier dans la zone de santé de Malemba Nkulu. L’épidémie gagnant du terrain, nous avons rapidement dû étendre nos activités à d’autres zones. Nous vaccinons les enfants âgés de 6 mois à 15 ans et appuyons les centres de santé pour la prise en charge des cas simples via des donations de médicaments, la formation du personnel et leur supervision. Nous avons aussi des équipes à l'oeuvre dans les hôpitaux, pour soigner les enfants présentant des complications. Ainsi, dans la région de Manono par exemple, les taux de malnutrition sévère sont alarmants ; plus de 10% dans certaines zones. Par ailleurs, 90% des enfants que nous hospitalisons souffrent de paludisme. Nous avons donc décidé de renouveler notre soutien aux hôpitaux de la zone pour les aider dans la prise en charge de ces pathologies. »


MSF est présente en RDC depuis 1981. Depuis le début de cette épidémie de rougeole au Katanga, les équipes de MSF ont vacciné plus de 962 900 enfants âgés de 6 mois et 15 ans et pris en charge près de 30 000 enfants ayant déclaré la maladie.

Caroline Voûte © MSF

Notes

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