Deux rapports publiés par Médecins Sans Frontières (MSF) confirment que le prix des traitements et des tests de mesure de la charge virale – le meilleur outil pour vérifier l’efficacité du traitement – demeure le principal obstacle d'accès aux soins pour les personnes atteintes du Sida dans le monde.
Faire baisser les prix des traitements de seconde intention
« Presque 12 millions de personnes dans les pays en développement sont aujourd’hui sous thérapie antirétrovirale, explique le Dr Jennifer Cohn, directrice médicale de la Campagne d'accès aux médicaments essentiels (CAME) de MSF. De plus en plus de personnes commencent leur traitement précocement, et le poursuivent à vie. Ces patients ont besoin de médicaments de première ligne mieux tolérés et d’un accès à des traitements de deuxième intention abordables en cas d’échec des premiers. »
Selon la nouvelle édition du rapport de MSF Untangling the web sur le prix des antirétroviraux, le prix des traitements de deuxième ligne reste au moins deux fois plus élevé que celui des traitements de première ligne, et ce malgré une diminution de ces prix au cours des douze derniers mois. Pour les pays dits ‘à revenu moyen’, la situation est encore pire, car certains d’entre eux paient jusqu’à 12 fois plus cher ces médicaments.
« Des millions de personnes n’ont pas accès au traitement. Et bon nombre de celles qui sont actuellement sous traitement devraient pouvoir accéder à des traitements de nouvelle génération, précise Leena Menghaney, responsable de la CAME de MSF en Inde. Si nous voulons augmenter le nombre de personnes sous traitement, les gouvernements doivent lever les obstacles imposés par les brevets, qui réduisent l'accès à des médicaments abordables. »
Mesurer la charge virale au plus tôt pour améliorer les soins
En plus des traitements, des outils supplémentaires sont nécessaires pour assurer une meilleure qualité des soins aux patients séropositifs. La surveillance régulière de leur charge virale – qui mesure la concentration du VIH dans le sang, et par conséquent, l’efficacité du traitement – est l'un de ces outils.
« La surveillance de la charge virale permet de détecter au plus tôt les problèmes de suivi de traitement et donc d’y remédier rapidement, notamment par des activités de conseil et de soutien aux patients. Ceci leur permet de continuer de bien prendre leur traitement de première intention, moins cher, poursuit le Dr. Cohn. La charge virale permet également d’identifier plus rapidement et avec plus de précision les personnes qui doivent passer à un traitement de deuxième ou troisième intention si le premier ne fonctionne pas.»
Mais là aussi les obstacles sont importants. L’autre rapport présenté par MSF, Getting to Undetectable, indique que l’Inde, le Kenya, le Malawi, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, qui souhaitent introduire l’utilisation de la mesure de la charge virale, n’ont pour l’instant pu le faire que très partiellement. Le rapport indique que le coût des tests représente pour ces pays l’un des principaux freins à leur mise en œuvre à une plus grande échelle.
Dans certains pays, comme au Kenya, des négociations ont déjà permis de réduire le coût du test de charge virale à 10 dollars. Les bailleurs de fonds doivent maintenant prendre les choses en main et fournir les fonds nécessaires à la mise en place des outils de mesure de la charge virale dans les pays qui en ont le plus besoin.
« Nous savons quels outils utiliser pour nous assurer que les patients atteignent et maintiennent une charge virale indétectable, explique le Dr Cohn. Mais dans la plupart des endroits dans lesquels nous intervenons, le prix de ces outils est inabordable. »