Somalie : urgence vitale

Hawa Abdi Somalie juin 2008
Hawa Abdi, Somalie, juin 2008 © MSF

MSF demande que l’action humanitaire demeure indépendante de tout processus politique, et que tous les belligérants assurent un accès en toute sécurité et sans entrave aux acteurs humanitaires. Lire notre dossier de presse.

MSF demande que l’action humanitaire demeure indépendante de tout processus politique, et que tous les belligérants assurent un accès en toute sécurité et sans entrave aux acteurs humanitaires. Lire notre dossier de presse.

La population somalienne est aujourd’hui confrontée à une crise humanitaire de très grande ampleur. Pour le seul mois de mai, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) qui travaillent à Hawa Abdi et Afgoye, à la périphérie de Mogadiscio, ont soigné plus de 2 500 enfants souffrant de malnutrition aiguë.

Le nombre d’enfants admis dans les programmes nutritionnels de MSF qui avait déjà doublé en avril, a encore doublé en mai. Cela fait plus d’un an que les taux de malnutrition dépassent le seuil d’urgence.

Alors que le nombre de nouveaux cas augmente considérablement, l’aide internationale diminue, en volume et en qualité, en raison de l’extrême insécurité et des attaques ciblant de plus en plusles acteurs humanitaires.

De plus, les Somaliens qui tentent de fuir la violence se heurtent à la fermeture des principaux points de passage à la frontière.

Une malnutrition alarmante. «En Somalie, la catastrophe n’est plus un risque, c’est une réalité», déclare Bruno Jochum, directeur des Opérations à Genève. «La semaine dernière, nous avons admis dans nos programmes nutritionnels plus de 500 enfants souffrant de malnutrition sévère. Un enfant sur six a dû être hospitalisé pour des complications médicales. Si cela continue, la malnutrition touchera bientôt les enfants de plus de cinq ans et les adultes les plus vulnérables. Le sort des populations est dramatique et nous ne sommes pas en mesure de fournir l’aide nécessaire pour éviter que la situation n'empire.»

Sur la route allant de Mogadiscio à Afgoye, plus de 250 000 personnes vivent dans des camps surpeuplés. De nouvelles personnes fuyant les violences dans la capitale arrivent constamment. Chaque personne dispose de moins de 10 litres d’eau propre par jour et la plupart des familles vivent dans des abris de fortune. Le prix des aliments de base – comme le riz ou le maïs – a triplé depuis le début de l’année et de nombreuses personnes déplacées sont totalement dépendantes de l’aide extérieure.

Le sort des populations est dramatique et nous ne sommes pas en mesure de fournir l’aide nécessaire pour éviter que la situation n'empire.
Bruno Jochum, directeur des Opérations à Genève.

Les civils, victimes directes des violences. La violence, qui reste une réalité quotidienne à Mogadiscio et dans les environs frappe durement les civils. Depuis le début de l’année, plus de 2 100 patients souffrant de blessures liées à la violence ont été soignés par l’équipe MSF dans le service chirurgical de l’hôpital de Dayniile, à la périphérie de Mogadiscio. Plus de la moitié de ces blessés sont des femmes et des enfants de moins de 14 ans. 56% de nos patients sont soignés pour des blessures par balle ou dues à des explosions.

L’insécurité empêche d’accroître le volume de l’aide et d’améliorer sa qualité. Les acteurs humanitaires sont régulièrement pris pour cible, enlevés ou tués et aucune organisation, y compris MSF, ne peut travailler de façon régulière avec du personnel international.

L'aide humanitaire entravée.
«
Vingt-quatre mois après que des membres de la communauté internationale se sont impliqués sur le plan politique et militaire pour rétablir la stabilité et lutter contre le terrorisme, la situation reste catastrophique pour la population somalienne», explique le Dr Christophe Fournier, président du Conseil international de MSF.

«Le conflit s’est intensifié et les violences commises par les parties au conflit à l’encontre des civils contribuent à la catastrophe humanitaire actuelle. MSF demande que l’action humanitaire demeure indépendante de tout processus politique, et que tous les belligérants assurent un accès en toute sécurité et sans entrave aux acteurs humanitaires.»

Présente en Somalie depuis 1991, MSF est la principale organisation médicale en activité au centre et au sud de la Somalie. 520 000 consultations, 23 000 hospitalisations et 2 500 opérations chrirugicales ont été effectuées en 2007. Face à l’insécurrité, les personnels internationaux de l’organisation ne peuvent demeurer en permanence sur le terrain. Malgré l’investissement du personnel somalien qui continuer d’assurer le fonctionnement des projets dans les région de Bakool, Banadir, Bay, Galgaduud, Hiraan, Lower and Middle Juba, Mudug et Lower and Middle Shabell, l’assistance envers les Somaliens demeure largement insuffisante pour répondre aux besoins des populations.

Notes

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