Le Tchad est frappé par les pires inondations que le pays ait connues en dix ans. Dans la zone de Sebab, près de Am Timan, où MSF gère un hôpital de 100 lits, près de 6 000 personnes sont sinistrées. « La situation actuelle à Sebab ne leur permet même pas d'allumer un feu. Ils ont construit un mur avec des sacs de sable pour protéger des parties du village ainsi que le centre de santé, mais l'eau a déjà débordé », raconte Jean-François Harvey, coordinateur de projet MSF à Am Timan. « Pour se rendre au centre MSF de Am Timan, ils doivent nager et utiliser un vélo. »
A Kerfi, où l'organisation gère un centre de santé, près de 5 000 personnes sont touchées par les inondations. « En juillet, à Kerfi, le taux de patients qui ne sont pas venus au centre de santé pour leur consultation de suivi est passé de 8,5 à 20,5 %. Les personnes vivant à l'extérieur de la ville se sont retrouvées isolées par les inondations et n'ont pas pu rejoindre le centre », explique le docteur Kodjo Edoh, chef de mission MSF au Tchad.
Cette année au Tchad, la saison des pluies est à la fois un fléau et une bénédiction pour la population. « C'est bien pour la population nomade, qui dépend des produits animaliers comme le lait ou la viande. Ils pourront faire paître leur bétail et leur situation alimentaire va s'améliorer », explique le Dr. Edoh. « Mais à la différence des années précédentes, cette surabondance des pluies constitue un sérieux problème pour les populations d'agriculteurs des régions de Am Timan et Bokoro. En ce moment ils sont en train de semer, mais une partie des graines est emportée par les fortes pluies et les inondations. Cela retardera les récoltes jusqu'à fin octobre ou novembre. Ce qui est paradoxal, c'est que le manque de pluie a créé une crise nutritionnelle, et maintenant des pluies trop abondantes contribuent à l'aggraver ».
A Bokoro et Am Timan, entre mai et juillet, 1 914 enfants ont été admis dans les programmes nutritionnels MSF. « Lorsque nous sommes intervenus à Bokoro en mai dernier, nous n'avons pu sauver de nombreux enfants, qui arrivaient trop tard à notre centre ou dont les parents avaient préféré s'adresser aux guérisseurs traditionnels. Aujourd'hui, grâce au renforcement de nos effectifs et au travail des acteurs communautaires qui sensibilisent ces communautés, nous avons pu améliorer notre acceptation mais aussi la qualité des soins dans les centres nutritionnels. Ainsi, le taux de mortalité dans nos programmes a chuté à 5% en juillet. » MSF multiplie ses efforts et ouvre de nouveaux centres nutritionnels à différents endroits du pays.
MSF gère actuellement des programmes nutritionnels dans les régions tchadiennes d'Hadjer Lamis, Batha, Guéra, Chari Baguirmi, Ouaddai et Salamat, ainsi que dans la capitale N'Djamena. Depuis le début de l'année, 15 776 enfants souffrant de malnutrition ont été admis dans les programmes MSF, pour la plupart au cours des trois derniers mois.