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Contexte

Les virus Ebola et Marburg appartiennent à la famille des filovirus. Certaines espèces de singes ou de chauves-souris peuvent transmettre ces maladies à l’homme et la transmission est ensuite interhumaine, par le sang, les liquides biologiques, les sécrétions et tissus des personnes malades. La dengue et la fièvre jaune font également partie de la catégorie des fièvres hémorragiques, mais sont quant à elles transmises par un moustique, l’Aedes. Ce qui caractérise l'ensemble de ces fièvres hémorragiques sont des taux de létalité potentiellement très élevés

Jusqu'au milieu des années 2010, les épidémies d'Ebola étaient circonscrites géographiquement et frappaient plutôt des zones reculées. En 2014, une épidémie d’Ebola d’une ampleur sans précédent se propage en Afrique de l’Ouest (Guinée, Liberia, Sierra Leone). Médecins Sans Frontières (MSF) a joué un rôle primordial dans la lutte contre cette épidémie en prenant en charge les patients dans des centres de traitement dédiés d'une part, et en formant le personnel aux mesures de prévention et de contrôle des infections d'autre part. Depuis, c'est en République démocratique du Congo (RDC) que la maladie sévit, avec des épidémies à répétition dans le pays, notamment dans les provinces d'Ituri, du Nord-Kivu et de l'Équateur. Pour lutter contre les épidémies  d'Ebola – hautement mortelles –, MSF a imposé des règles d’hygiène très strictes (dont la décontamination systématique des centres de traitement) et une logistique rigoureuse au personnel médical sur place. La prévention de la transmission étant cruciale, des activités de promotion de la santé ont été organisées par MSF dans les communautés afin de les sensibiliser à la maladie et de leur expliquer comment s’en protéger. 

Plusieurs vaccins désormais homologués sont disponibles pour protéger le personnel de santé et les contacts des personnes infectées par le virus Ebola. Des traitements antiviraux, testés à titre compassionnel et expérimental au cours des dernières épidémies en RDC, ont également fait leurs preuves. Aujourd'hui, MSF cherche à décentraliser son approche de prise en charge des patients atteints par le virus Ebola, en leur fournissant un suivi des soins au plus proche de chez eux. Longtemps incurable, la maladie peut dorénavant être traitée, voire évitée grâce à la vaccination des populations. Des milliers de doses du vaccin Ervebo Ebola Zaïre vont être hébergées en Suisse dans le cadre d’un groupe de coordination international auquel participe MSF, et dirigé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour constituer un stock d'urgence mondial. 

Concernant la vaccination contre la fièvre jaune, les conclusions d'essais cliniques menés par Épicentre – le centre de recherche épidémiologique de MSF – sont encourageants. Ils montrent qu'un cinquième seulement de la dose standard du vaccin contre la maladie est suffisant pour qu'il soit efficace et sûr, ce qui permettrait ainsi d’empêcher des flambées épidémiques en cas de pénurie de vaccins. 

 

Source : OMS, 2019
Source : OMS, 2019

La réponse MSF à la dixième épidémie d'Ebola en RDC de 2018 à 2020, dans les provinces d'Ituri et du Nord-Kivu, s'est déroulée dans un contexte d'insécurité et de conflits chroniques qui ont empêché les équipes de se déployer dans certaines zones, affaiblissant ainsi la recherche des cas contacts infectée par le virus. Les centres de traitements Ebola ont également été pris pour cible à de nombreuses reprises.

5 minutes pour comprendre Ebola en zones de conflits

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Caractéristiques des différentes fièvres hémorragiques

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Réponse aux épidémies d'Ebola : des avancées incontestables, mais pas si faciles à mettre en œuvre

L'expérience de la lutte contre Ebola de 2014 à 2016 en Afrique de l'Ouest a permis aux équipes MSF une forte capacité de réaction aux épidémies d'Ebola qui ont suivi, cette fois-ci en RDC. Depuis 2018, la maladie est devenue endémique dans le pays qui fait déjà face à d'autres épidémies importantes (notamment de rougeole), est en proie à des violences chroniques et dispose d’un système de santé très faible. Les trois dernières épidémies ; en Équateur (2018) ; dans le Nord-Kivu et en Ituri (2018-2020) ; puis de nouveau en Équateur (2020), ont ainsi accru les besoins des communautés.
La dixième épidémie d'Ebola en RDC (2018-2020), dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri – déjà durement touchées par des décennies de conflit armé  – a été la pire que le pays ait jamais connue, malgré des avancées thérapeutiques et vaccinales. Dès le départ, les équipes disposaient d’un vaccin à l’efficacité prouvée et, pendant l’épidémie, MSF a participé à des essais cliniques qui ont démontré l’efficacité de deux nouvelles substances thérapeutiques. Les équipes MSF ont également testé un deuxième vaccin pour réduire la transmission. Deux tiers des patients atteints d’Ebola sont pourtant décédés et le virus a continué de se propager pendant plus de 18 mois. À certains moments de l’épidémie, plus de la moitié des décès dus au virus Ebola survenaient dans la communauté parce que les personnes n’arrivaient pas jusqu’aux centres de traitement Ebola ; celles qui y arrivaient avaient déjà atteint un stade de la maladie où les traitements étaient moins susceptibles d’être efficaces. Ces centres de traitement Ebola n'ont pas gagné la confiance et l'adhésion des communautés, les malades étant placés en isolement et traités loin de leurs familles.

L'homologation, l'introduction et l'élargissement des accès aux vaccins permet désormais de prévenir les populations de la maladie en réduisant les risques de transmission du virus. L'efficacité de nouveaux traitements rend par ailleurs le virus Ebola curable. Lors de la onzième épidémie d'Ebola en RDC (2020), dans la province de l'Équateur, MSF s’est davantage investie dans les soins curatifs, permettant de recentrer la prise en charge sur le patient et la qualité des soins. MSF a ainsi développé une nouvelle approche de prise en charge de la maladie, avec des soins apportés directement aux patients via des cliniques mobiles dans les communautés.