La petite Maaz Amankhel, âgée de quatorze mois, souffre depuis trois jours de crampes d'estomac, de diarrhées et de vomissements répétés. Sa mère, épuisée et inquiète, tente de la réconforter.
« Nous souffrons tous de cette maladie au village, surtout les enfants. Ma famille compte vingt membres et parmi eux, cinq enfants l'ont attrapée », explique-t-elle.
La perfusion qui alimente le bras chétif de Maaz contient l'indispensable solution réhydratante, qui lui permettra de guérir rapidement.
En septembre 2009, pour répondre à l'incidence élevée du choléra dans la région de Mardan, MSF a mis en place une unité de traitement du choléra (CTU) à Nowshera.
En effet, les équipes MSF déjà présentes au centre de traitement du choléra (CTC) de Mardan avaient constaté que 40 % de leurs patients provenaient de Nowshera et des villages environnants.
La nouvelle de la création d'un CTU à Nowshera s'est répandue en quelques jours et très vite, les salles de traitement se sont trouvées pleinement occupées par des patients qui auparavant auraient risqué leur vie à souffrir chez eux en silence ou n'auraient pas eu d'autre choix que de payer le prix du transport jusqu'à Mardan.
MSF a commencé à travailler dans le district de Mardan en mai dernier pour venir en aide aux déplacés qui fuient par centaines de milliers les violents affrontements entre l'armée pakistanaise et les groupes d'opposition dans le district de Swat. Plus de 80% de ces personnes déplacées.
Les services de santé de la région se sont alors trouvés débordés par l'afflux de patients. Pour les soulager, les équipes de MSF ont fourni une assistance médicale aux personnes déplacées installées pour la plupart chez l'habitant, dans des écoles et des mosquées. Pour loger certains d'entre eux, MSF a également construit un camp pouvant accueillir jusqu'à 5 000 personnes.
Dans le Complexe médical de Mardan, MSF gère le service d'hospitalisation d'une capacité de 40 lits, les urgences et a mis en place un service pour les cas suspectés de choléra. Jusqu'à la fin du mois d'octobre, plus de 3000 consultations ont été menées dans le service des urgences du Complexe médical de Mardan. Quelque 817 patients ont été hospitalisés et 1672 autres ont été soignés du choléra.
À l'extérieur du complexe médical de Mardan, le soleil de midi tape fort. La plupart des habitants sont cloîtrés chez eux, mais au CTC qui abrite 60 lits installés à même le sol, les infirmières et les médecins s'affairent malgré la chaleur.
Dans les salles de traitement du choléra installées sous des tentes, le souffle des gros ventilateurs électriques est interrompu par le bruit d'une ambulance qui freine sur les graviers.
Les membres du personnel médical transportent Mudasher, 13 ans, sur une civière.
Les infirmiers lui administrent immédiatement une solution orale réhydratante, contenant du glucose et de l'électrolyte, mais, quelques minutes plus tard, l'enfant est pris d'une énième crise de vomissements.
Sous une autre tente, Hussan Asra, 45 ans, est elle aussi une nouvelle patiente : mère de cinq enfants, elle est très faible et déshydratée.
« La plupart des patients- jusqu'à 70 % d'entre eux - sont sévèrement déshydratés à leur arrivée. Et environ 30 % doivent être réhydratés immédiatement par voie intraveineuse.
Généralement, les patients viennent se soigner uniquement lorsque leur état de santé est devenu grave.
Pendant leur traitement, nous devons également les sensibiliser aux questions de santé, car ils demandent à rentrer chez eux dès que nous leur retirons la perfusion », déclare le docteur Sylke Neumann, directrice du centre.
Après avoir atteint, au mois d'août, le pic de plus de 1 000 admissions par semaine, le CTC n'a reçu que 100 personnes en quelques jours, signe que l'afflux de patients s'estompe.
Ces derniers mois, le nombre de déplacés à Mardan a lui aussi sensiblement diminué avec le retour de nombreuses familles vers leur foyer dans le district de Swat.
Ainsi la majorité des patients qui viennent consulter sont originaires de Mardan, ce qui confirme que les populations déplacées sont bien en train de retourner chez elles.
Au Pakistan, MSF n'accepte aucun financement de la part de gouvernements ou d'organismes donateurs, elle repose uniquement sur les dons privés du public pour mener à bien son action. MSF travaille au Pakistan depuis 1998.