Récit de réfugiés syriens : "le jour où mon village a été bombardé"

Une réfugiée syrienne prise en charge à l'hôpital MSF d'Alep en Syrie après avoir reçu une balle dans le ventre. Avril 2013
Une réfugiée syrienne prise en charge à l'hôpital MSF d'Alep, en Syrie, après avoir reçu une balle dans le ventre. Avril 2013 © Anna Surinyach/MSF

Les attaques aériennes et les affrontements bouleversent la vie quotidienne en Syrie.

Alia Mosa est étendue sur un lit d’hôpital dans le nord de la Syrie. Ses pieds sont bandés. Elle est en proie à la colère et au désespoir, et plus que tout, elle souhaite raconter son histoire.
« Il était 5 heures du matin  ils ont lancé des missiles, et ma maison a été complètement détruite. Quatre de mes enfants ont été tués et j’ai été blessée. L'une de mes filles ainsi que mon mari ont survécu », raconte-t-elle. Alia jure qu’elle ne retournera plus jamais à Alep, cette ville du nord de la Syrie où elle habitait encore il y a quelques jours. Elle veut que le monde entier soit informé des attaques aériennes qui ont déchiré sa famille, mais ne veut ni être photographiée, ni que son identité soit dévoilée.

Des histoires semblables se répètent à l’hôpital où opère Médecins Sans Frontières dans la province d’Alep contrôlée par l’opposition. Dans les différents services de l’hôpital, il arrive que des civils blessés soient alités à côté de combattants, une situation qui reflète la vie en dehors de l’hôpital où des gens de tous horizons sont victimes de la guerre.

En face d’Alia se trouve une vieille dame qui récupère des suites d’une opération chirurgicale après avoir reçu une balle dans le ventre lorsqu’elle traversait la rue. « J’étais à Alep. J’étais dans la rue pendant des affrontements et on m’a tiré dessus. »

Les victimes silencieuses du conflit syrien

Le système de santé du nord de la Syrie s’est effondré au début de la guerre, et obtenir une aide médicale est de plus en plus difficile. Des femmes enceintes, qui normalement accoucheraient à l’hôpital, accouchent maintenant chez elles, souvent de bébés prématurés en raison du stress qu’elles subissent à cause de la guerre. Pour les gens souffrant de maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension, il est presque impossible de se procurer les médicaments et les soins dont ils ont besoin. Ce sont les victimes silencieuses du conflit syrien.

Dans cette région où les attaques aériennes bouleversent la vie quotidienne, le mot tayara (« avion » en arabe) est sur toutes les lèvres. Près de 4,25 millions de Syriens ont été déplacés à l’intérieur de leur pays depuis le début de la guerre il y a plus de deux ans.

Dans la province d’Alep, le long de la frontière turque, 10 000 Syriens vivent dans un camp en attendant une occasion de passer en Turquie. Dans l'une des tentes, un groupe de personnes discute de l’avenir autour d’un repas fait d’une soupe de lentilles ainsi que d’œufs brouillés. « Nous pouvons peut-être aller en Turquie, explique Mustafa en trempant un poivron vert dans le sel. Ce sera certainement mieux qu’ici. Ici, les choses vont très mal. »

À côté d’eux, Mohammed fume en silence. Il est arrivé au camp après avoir fui la ville d’Alep à la suite d’une attaque aérienne qui a détruit l’école de ses enfants et la maison de ses voisins. « Quand je suis sorti, il y avait beaucoup de poussière et je ne voyais rien. Je me suis aussitôt mis à la recherche de mes enfants. Quand le nuage de poussière s’est dissipé, nous les avons trouvés et avons fui. Ils prennent les civils pour cibles. Ils attaquent les écoles, les boulangeries et les mosquées, » ajoute-t-il avec emportement. Mohammed n’est pas son vrai nom. Bien qu’il ne s’oppose pas à ce qu’on le prenne en photo, il préfère ne pas révéler son identité.

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