« A Boende, il y a eu très peu de cas alors certaines personnes pensent encore que c’est une invention et que l’Ebola n’existe pas. C’est différent à Lokolia : les gens ont perdu plusieurs de leurs proches, ils savent que la maladie est là et ils sont plus réceptifs à la sensibilisation », raconte le Docteur Papys Lame. Médecin du Pool d’urgence de MSF en RDC, il est arrivé sur le terrain dès le lancement de l’alerte.
Sur place, l’un des plus grands défis reste la sensibilisation, une activité indispensable pour faire comprendre aux familles comment se prémunir de la maladie et que faire en cas de patient suspect. « Il y a des familles qui ont perdu 4 ou 5 personnes. Un papa a perdu sa femme puis sa belle-sœur. Ensuite, un de ses enfants est tombé malade et est décédé. Le lendemain, c’était un autre de ses enfants qui mourrait. », raconte le Docteur Lame. La sensibilisation permet également d’expliquer à la communauté l’importance de la prise en charge.
MSF a ouvert un centre de prise en charge à Lokolia, où six patients sont hospitalisés, certains en attente d’une confirmation par laboratoire du diagnostic, ainsi qu’une seconde structure à Boende, qui accueille actuellement deux patients. Les deux centres mis en place répondent à toutes les normes en matière de transmission de l’épidémie. « Pour l’instant, on a deux patients qui vont mieux, on pense qu’ils entrent dans la phase de convalescence. C’est une lueur d’espoir pour les équipes et la communauté », explique le Docteur Lame.
Pour mettre ces centres en place, les contraintes logistiques ont été nombreuses, notamment pour acheminer le matériel. « Il faut prendre le temps de tout prévoir. Une fois que le centre est fonctionnel, peu de changements peuvent être apportés. La préparation est donc indispensable »¸ explique Julien Binet, le responsable logistique du projet.
Le Docteur Lame témoigne lui aussi des défis d’une intervention en pleine forêt équatoriale : « Il y a de vraies contraintes logistiques. La route entre Boende et Lokolia est plutôt bonne, et nous avons acheminé des hors-bords pour traverser la rivière Lomela. Mais entre Lokolia et Watsikengo, la route est très mauvaise. Nous avons fait en sorte que les ponts soient réparés mais même avec ces réparations, les véhicules ne passent pas. Ça nous oblige à être créatifs ».
A quoi ressemble un centre de traitement de l'Ebola ?
Survolez l'image pour activer les légendes ou cliquez ici pour l'afficher en plus grand.