Que font les équipes mobiles d’urgence MSF ?
Nos équipes déjà présentes dans le pays souhaitaient renforcer leur capacité à répondre rapidement aux besoins. C'est pourquoi nous avons mis en place une équipe mobile d’urgence. L'objectif : se rendre le plus rapidement possible sur les zones où un nouvel épisode de violence a eu lieu, évaluer et répondre aux besoins. Si on va vite, on peut réellement espérer avoir un impact sur la mortalité, et faire ainsi la différence.
L’idée est de stabiliser le plus rapidement possible les blessés et de les référer vers des hôpitaux fonctionnels capables de les prendre en charge. Pour les personnes déplacées, qui ont parfois tout perdu, nous distribuons des biens de première nécessité : du simple pain de savon pour ceux qui n'ont pas tout perdu, aux « kits famille » pour ceux dont la maison a été brûlée. Enfin, ces équipes mobiles d’urgence mettent en place des dispensaires mobiles offrant des soins médicaux de base, principalement pour la prise en charge du paludisme. Cette maladie est celle qui tue le plus en RCA. Mais il y a aussi beaucoup d’infections respiratoires et de maladies dermatologiques liées aux conditions de vie des déplacés.
Comment s’est déroulée l’intervention MSF à Bouar ?
De violents affrontements avaient eu lieu le 26 octobre à Bouar, une ville située à l’ouest du pays. Nous sommes partis, et une fois sur place, l’équipe a immédiatement commencé à prendre en charge les blessés : il y en avait 16. Certains par balle, d’autres souffraient de violents traumatismes (plaies ou fractures). Lors de l’attaque, certains, notamment des enfants, étaient tombés en voulant fuir. Quelques patients avaient déjà été opérés avec les moyens du bord et il a fallu faire quelques "reprises" chirurgicales. Neuf d’entre eux ont été évacués, notamment vers l’hôpital de Paoua où MSF travaille.
On comptait environ 9 000 déplacés en ville, principalement regroupés sur deux sites : 6 000 personnes sur la paroisse de St-Laurent et 1 400 sur celle de St-Joseph. L’équipe a dispensé des consultations médicales et distribué des biens de première nécessité. Puis la tension en ville est retombée, et les déplacés ont commencé à rentrer chez eux. L’équipe MSF est partie de Bouar, a traversé des villages incendiés, pour rejoindre les populations cachées en brousse ou dans leurs champs. Les gens sont terrorisés et, à chaque fois qu’ils entendent une voiture, ils s'enfuient, de peur de tomber sur des hommes armés. Au total, en deux semaines d’intervention, notre petite équipe mobile a dispensé 2 000 consultations essentiellement pour des cas de paludisme et d'infections respirtatoires ; 30% concernaient des enfants âgés de moins de cinq ans.
Et maintenant ?
On continue ! Le 16 novembre, deux équipes mobiles sont parties en direction de Mbaiki et Yaloké, au sud-ouest du pays. Il y aurait de nouveaux déplacés dans ces zones. Elles vont évaluer la situation, et intervenir si besoin.
Si nous sommes rapidement informés de la survenue de nouvelles violences et si nous pouvons bouger très vite, ce type d'intervention peut être très efficace. Mais cela ne suffit pas pas couvrir tous les besoins. La santé, c’est une chose, mais ces populations ont également besoin d’eau potable, de nourriture et de sécurité. Or très peu de choses ont été mises en place. Les gens restent en brousse des semaines durant, sans aucune assistance. Les organisations présentes dans le pays, et notamment les Nations Unies, n’ont pas encore mobilisé suffisament de ressources pour répondre aux urgences.
Présente en RCA depuis 1997, MSF y gère actuellement sept projets réguliers (à Batangafo, Boguila, Carnot, Kabo, Ndéle, Paoua et Zémio) et trois projets d’urgence (à Bossangoa, Bouca et Bria). De plus, une équipe d’urgence mobile couvre les zones de Bouar, Mbaiki et Yaloké. Au total, nous offrons aujourd’hui des soins médicaux gratuits à environ 400 000 personnes ; proposons une capacité hospitalière d’environ 800 lits ; travaillons dans 7 hôpitaux, 2 centres de santé et 40 postes de santé ; et comptons plus de 100 personnels expatriés et environ 1 100 personnels centrafricains dans nos équipes.
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