En 2011, le Tchad a été affecté, avec d’autres pays d’Afrique Sub-saharienne, par une flambée de choléra de grande ampleur. Plus de 450 décès et un total de 17 200 cas de la maladie ont été rapportés, un nombre qui n’avait pas été enregistré depuis 1996. Au plus haut de l’épidémie, en août, jusqu’à 1 250 nouveaux cas par semaine étaient enregistrés, dont un tiers dans la capitale, N’Djamena.
Médecins Sans Frontières a mobilisé jusqu’à 350 personnels nationaux et internationaux dans 23 structures de soins à Massakory, Am Timan, Abou Deia, Mandelia, Pala, Fianga, Lere, Laï, Bongor et N’Djamena.
« La flambée de cette année est la continuation de l’épidémie qui s’était déclarée dans la région en 2010. Ceci explique ses deux particularités : une augmentation précoce des cas, bien avant la saison des pluies, et une propagation géographique très importante : 37 districts touchés sur les 61 que compte le pays », explique Michel-Olivier Lacharité, responsable des programmes MSF au Tchad.
Les équipes de MSF sont intervenues depuis le mois d’avril, en étroite collaboration avec le ministère de la Santé tchadien, pour mettre en place des centres de traitement de la maladie, créer des points de réhydratation orale (ORP) et effectuer des activités de sensibilisation afin de limiter la propagation de la maladie. Des formations à la prise en charge des cas et des donations en médicaments ont également été effectuées à destination des structures de soins publiques. Fin novembre, ces activités avaient permis de soigner plus de 12 700 personnes, soit environ trois quarts des cas enregistrés dans le pays, avec des taux de guérison approchant 99%.
Le nombre de cas étant en nette diminution depuis plusieurs semaines, les dernières activités encore en cours ont été transmises aux autorités le 30 novembre. Les équipes MSF continuent néanmoins de suivre la situation et se tiennent prêtes à intervenir à nouveau si besoin. Car des craintes existent sur une possible recrudescence de l’épidémie au printemps prochain.
En 2010 déjà, MSF était intervenue et avait aidé à soigner plus de 6 800 cas dans le pays.
Intervenir en amont
« On ne peut pas se limiter à faire les pompiers, il faut envisager des stratégies sur la durée pour venir en aide aux populations, explique le Dr. Michel Quere, référent médical MSF. Les épidémies de choléra sont le résultat de plusieurs facteurs : difficultés d’accès à l’eau potable, aux latrines et aux structures d’assainissement, mais aussi retard dans la prise en charge des cas, dû à une méconnaissance de la maladie et à un accès aux soins compliqué. Si les pouvoirs publiques et les acteurs de développement n’interviennent pas sur ces causes structurelles, la population tchadienne est destinée à faire face à des épidémies, année après année ».
MSF travaille aujourd’hui, en accord avec les autorités, à une meilleure coordination entre acteurs de santé, afin de permettre une prise en charge plus rapide des cas, et à l’introduction dans le pays d’un vaccin oral récemment pré-qualifié par l’OMS.
« Le vaccin représente un espoir, en ce qu’il pourrait permettre d’endiguer la propagation de la maladie autour des foyers épidémiques, comme le Lac Tchad par exemple. Pour cela, une collaboration étroite entre Ministères de la Santé de la région, acteurs internationaux de santé publique et acteurs non-gouvernementaux tels que MSF sera nécessaire », conclut le Dr. Quere.
Chaque année, on compte entre 3 et 5 millions de cas de choléra, à l'origine de 100 000 à 120 000 décès. En 2011, MSF a répondu à des épidémies de choléra au Cameroun, au Tchad, au Niger, au Nigeria, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Zambie et en Haïti, entre autres.
Au Tchad, MSF intervient également à Massakory, Moïssala, et Am Timan, afin d’élargir l’accès aux soins pour les plus vulnérables (enfants, femmes enceintes) et de prendre en charge des pathologies meurtrières comme la malnutrition et le paludisme. A Abéché, MSF offre un traitement des fistules vésico-vaginales chez les femmes en âge de procréer.