Pakistan : soigner et anticiper les risques

Une distribution d\'eau potable par MSF à Nowshera  août 2010
Une distribution d\'eau potable par MSF à Nowshera - août 2010 © Ton Koene

Au-delà des secours d'urgence, MSF et d'autres acteurs s'emploient à prévenir les maladies et à apporter des soins aux populations pakistanaises.

Dès le début de la crise, MSF a continué à apporter des soins de santé dans ses programmes existants dans les provinces du Khyber Pakhtunkhwa* et du Baloutchistan, tout en étendant ses activités dans de nouvelles structures de santé et en mettant en place des dispensaires mobiles dans d'autres provinces pakistanaises touchées, comme au Sind et au Pendjab.

Actuellement, la majorité des patients soignés dans nos dispensaires souffrent de conditions de vie difficiles et de l'accès limité à l'eau potable, entraînant des risques de maladies diarrhéiques dans une région où le choléra est endémique.
(Lire l'article « Le choléra, une maladie qui ne date pas des inondations » à ce sujet)

« Ces deux dernières semaines, nous avons mené plus de 10 000 consultations, la plupart pour des infections cutanées, des maladies respiratoires et des diarrhées aiguës, » déclare le Dr Ahmad Mukhtar, coordinateur médical MSF au Pakistan. « Parmi ces patients, on trouve quelques cas suspects de choléra. Pendant que nous attendons les résultats des analyses, nous continuons à les soigner avec les traitements appropriés. »

MSF gère huit dispensaires mobiles dans différentes régions du Pakistan, et parmi les 10 000 patients pris en charge jusqu'à présent, environ 10% ont été soignés pour des diarrhées aqueuses aiguës. Dans le seul district de Swat, les équipes médicales ont effectué un total de 321 consultations, parmi lesquelles 24 patients ont été admis dans le centre de traitement des diarrhées aiguës aqueuses MSF, dans l'hôpital de Mingora.

Le choléra est une maladie relativement fréquente dans certaines régions du Pakistan, notamment dans les zones inondées du Khyber Pakhtunkhwa. L'apparition de nouveaux cas ne serait donc pas surprenante. Dans cette même province, dans le district de Lower Dir, MSF avait déjà soigné 2 500 patients lors de l'épidémie de choléra d'août 2009.

Le choléra se contracte en ingérant de l'eau ou de la nourriture contaminée, et se propage très facilement quand les conditions d'hygiène sont mauvaises. Il empêche le corps de retenir l'eau, entraînant rapidement sa déshydratation. La maladie se soigne grâce à des sels de réhydratation orale, voire en plaçant les patients sous perfusion pour les cas les plus sévères.

« Le choléra est l'une des formes sévères de diarrhée aiguë. Mais ce n'est pas parce qu'il y a quelques cas suspects que nous sommes en présence d'une épidémie, » ajoute le Dr Mukhtar. « Nous devons rester très vigilants. Nous continuons à identifier et à prendre en charge les personnes souffrant de diarrhée aiguë aussi vite que possible. Nous soignons ces patients diarrhéiques exactement comme s'ils étaient atteints du choléra. Notre personnel présent dans les dispensaires mobiles et dans les hôpitaux joue un rôle essentiel dans l'identification et le suivi des cas possibles dans la communauté. »

Les inondations et les pluies continues compliquent évidemment la situation puisque les sinistrés n'ont qu'un accès limité à l'eau potable et que les conditions d'hygiène se dégradent. C'est pourquoi, les équipes MSF s'attachent à améliorer les conditions de vie et l'accès à l'eau potable pour les populations.

Chaque jour, MSF fournit plus de 300 000 litres d'eau potable aux communautés touchées par les inondations dans différentes zones du pays. A Nowshera et à Charsadda par exemple, des réservoirs d'eau ont été installés dans différents quartiers et sont remplis régulièrement. Dans d'autres localités, comme à Swat, MSF travaille avec la communauté pour s'assurer que l'eau est approvisionnée et partagée dans différents sites où les populations se sont rassemblées, comme les mosquées et les écoles.

Jusqu'à présent, MSF a distribué des kits à plus de 50 000 personnes à travers le pays. Dans le canal de Fadfedar, au Baloutchistan, MSF a assuré la distribution de kits d'hygiène et de cuisine comprenant des pastilles de chlore (pour l'épuration de l'eau) et des moustiquaires pour prévenir le paludisme. Parallèlement, des activités de sensibilisation à l'hygiène sont menées auprès des populations pour leur permettre d'épurer l'eau avec les ressources disponibles.

MSF se tient prêt à répondre à une éventuelle augmentation importante du nombre de cas en étendant ses activités pour le traitement des diarrhées aiguës. Des kits d'urgence sont déjà disponibles dans la majorité des centres où MSF intervient. Néanmoins, les équipes espèrent que l'approvisionnement en eau et les distributions à grande échelle de kits d'hygiène et de cuisine (à ce jour, MSF a couvert plus de 7000 familles) permettra d'éviter la propagation de maladies, comme le choléra, mais aussi la gale, la dysenterie, la typhoïde et le paludisme.

* La province du Khyber Pakhtunkhwa portait le nom de province de la Frontière-Nord-Ouest jusqu'en avril 2010.

 


Visionner la vidéo Inondations au Pakistan - Prévenir les risques d'épidemie

Notes

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