Tchad : plus de 607 000 personnes vaccinées contre la méningite

Campagne de vaccination contre la méningite
Campagne de vaccination contre la méningite © Julie Damond/MSF

Depuis mi-février, MSF lutte contre une épidémie de méningite au sud du Tchad. Mes équipes organisent la prise en charge des malades avec l'aide du ministère de la Santé et une campagne de vaccination a été organisée pour enrayer la propagation de la maladie.

Les premiers cas ont été recensés en janvier... mais c'est mi-février que le seuil épidémique a été dépassé. On considère que le seuil est dépassé lorsque que l'on compte plus de 10 nouveaux malades par semaine pour une population de 100 000 habitants. C'est le sud du Tchad qui est principalement touché, en particulier les districts de Laokassi, Moundou, Melfi, Kélo, Benoye et Kroumla.

La méningite est une grave maladie bactérienne qui frappe la population pendant la saison sèche. En effet, les muqueuses du nez sont, à cette époque, trop sèches pour faire une barrière efficace à la bactérie, cette protection naturelle ne se refera que mi-avril, début mai avec la venue des pluies. Si elle n'est pas soignée, la maladie est mortelle dans 50% des cas et 30% des survivants sont atteints de graves séquelles neurologiques comme des handicaps physiques ou une surdité.

« En rentrant à la maison, Fatima est tombée sur le côté droit et ce qu'elle disait ne voulait rien dire » nous explique sa sœur aînée Zenaba. « On a eu très peur, on a cru qu'elle devenait folle ». Fatima est l'une des patientes du centre de prise en charge de la méningite que MSF a installé à Kélo pour aider le système de santé local à faire face à l'épidémie. Comme la majorité des patients, c'est encore une enfant, elle n'a que douze ans.

Rares sont les personnes qui contractent la maladie au-delà des trente ans. Fatima est aujourd'hui sortie de l'hôpital complètement guérie, elle n'a aucune séquelle de la maladie si ce n'est encore un peu de fatigue.

Dans les districts de Kélo et de Koumra, MSF a installé des unités temporaires de prise en charge de la méningite car beaucoup de cas compliqués, comme des malades souffrant de convulsions, de complications respiratoires ou dans un état de coma étaient référés à l'hôpital. Les unités comprennent respectivement 40 et 70 lits. Dans les autres districts, l'organisation s'est contentée de mettre en place avec les centres de santé locaux des protocoles de définition de cas et de prise en charge. Des doses d'antibiotique ont été distribuées dans les différentes structures médicales pour que le traitement soit disponible au plus proche des malades.

Campagne de vaccination massive

La méningite est une grave maladie bactérienne qui frappe la population pendant la saison sèche. Si elle n'est pas soignée, la maladie est mortelle dans 50% des cas.
 

En parallèle, une campagne de vaccination a été entreprise pour enrayer l'épidémie. Les vaccins ont été fournis par le ministère de la Santé et MSF a coordonné les 90 équipes de vaccination formées de personnel médical tchadien et de personnel MSF. Au 6 avril 2011, plus de 607 000 personnes ont déjà été vaccinées contre la méningite, mais la vaccination n'est pas encore terminée et les équipes comptent encore vacciner 103 000 personnes à Koumra d'ici fin avril.

« La population a été très réceptive et nous avons eu beaucoup de soutien des chefs locaux qui nous aidaient à rassembler la population sur les sites de vaccination, » nous dit Matteo, un logisticien MSF. « Les gens connaissent bien les risques encourus lorsqu'on a la méningite. Quand nous sommes arrivés, l'épidémie avait déjà commencé et certains avaient vu un de leur proche en mourir. »

Grâce au vaccin, les populations de Laokassi, Moundou, Melfi, Kélo, Benoye et Kroumla devraient être protégées contre la maladie pour les trois prochaines années. Mais dans une zone endémique comme le Tchad, le nouveau vaccin combiné qui offrirait une protection de dix ans est attendu avec impatience.

 

Notes

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