Cependant, l'organisation renouvelle sa demande aux autorités européennes pour que celles-ci procurent des ressources adéquates, dédiées aux recherches et sauvetages, afin de prévenir les tragédies dans les mois à venir, lorsque le nombre de traversées repartira à la hausse.
« Aucune des personnes que nous avons secourues sur ces bateaux de fortune n’auraient pu être mises en sécurité sans cette intervention, déclare Stefano Argenziano, en charge des opérations de migration pour MSF. Nous restons absolument convaincus de l’importance de ces opérations de recherche et de sauvetage ; elles ont permis de sauver des vies. Nous sommes médecins et cela ne devrait pas être notre travail. Nous espérons sincèrement que les ressources européennes seront suffisantes en 2016 et que nos bateaux ne seront pas nécessaires. »
Malgré la fin des opérations de MSF en Méditerranée, l’organisation reste prête à intervenir au cas où l’Union Européenne et ses Etats membres ne parviendraient pas à protéger la vie des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui, dans les mois à venir, fuiront le nord de l’Afrique à destination de l’Europe.
Comme indiqué lors du lancement du premier bateau de MSF, en mai 2015, des opérations permanentes de recherche et de sauvetage ne sont pas la solution aux migrations par voie maritime. Elles ne peuvent être qu'une mesure temporaire permettant d'atténuer les pertes humaines dues à des politiques de gestion des frontières restrictives et contraignantes pour les populations en quête de protection. Cette année, malgré le déploiement de davantage de ressources en mer, 3 771 hommes, femmes et enfants ont officiellement été enregistrés comme noyés ou disparus au large des rives européennes. Et le bilan réel doit être probablement bien supérieur. 2015 a été l’année la plus meurtrière en Méditerranée.
« S'il est absolument crucial que l’Union Européenne et les Etats membres fournissent des ressources dédiées, proactives et capables de réagir moins d’une heure après l'émission d'un appel de détresse, ces opérations de recherche et de sauvetage ne peuvent néanmoins pas, seules, mettre un terme aux morts en mer, déclare Brice de la Vinge, directeur des opérations de MSF. Ce qui fera cesser ces décès en Méditerranée et en mer Egée, c’est la mise en œuvre de politiques et de pratiques offrant des canaux sécurisés et légaux qui permettraient de ne plus faire appel aux contrebandiers et aux bateaux surpeuplés, en caoutchouc ou en bois, pour pouvoir atteindre les rives de l’Europe ».
En 2015, avec 3 bateaux, les équipes de MSF sont venues en aide à près de 23 000 personnes en détresse. Alors que 20 129 personnes ont été directement sauvées par MSF, d'autres ont été directement transférées à bord d’autres bateaux. MSF a également pris part à 120 opérations de secours et débarqué des personnes, de façon sécurisée, plus de 80 fois en Italie. Les données du Bourbon Argos montrent que 4 424 personnes sauvées (soit 43%) avaient besoin de soins médicaux, que 355 (soit 8%) souffraient d’un grave problème de santé et que 140 (soit 4%) étaient des femmes enceintes.