L’aide médicale sous la menace au Yémen

Hôpital Al Salam à Khamer dans le gouvernorat d'Amran au Yémen  Janvier 2013
Hôpital Al-Salam, à Khamer, dans le gouvernorat d'Amran, au Yémen - Janvier 2013 © Jacob Zocherman

Médecins Sans Frontières a été forcée de retirer ses équipes le mercredi 31 juillet dernier de l’hôpital Al-Salam à Khamer, dans le gouvernorat d‘Amran, dans le nord du Yémen, après une escalade des violences contre son personnel et ses infrastructures.

Le retrait des équipes a eu lieu après que des membres de MSF aient reçu des menaces de mort relatives à des tensions tribales. Toutefois, ces menaces ne sont pas des événements isolés. En cinq mois, MSF a enregistré 18 différents incidents violents contre ses équipes à Amran, notamment des menaces et des agressions physiques envers les médecins et le reste des équipes, des embuscades et vols de véhicules et d’ambulances, ainsi que des tirs autour de l’hôpital.

MSF appelle tous les acteurs présents au Yémen à respecter la sécurité du personnel et des infrastructures médicales et à ne pas transformer les acteurs médicaux en outils de négociations au cours de querelles personnelles ; ainsi, les soins médicaux ne seront pas affectés. Les lois internationales et tribales doivent être respectées, autorisant les hôpitaux à être des lieux de refuge, plutôt que d’utiliser leur présence dans la zone comme une opportunité d’augmenter les ressources ou de gagner du pouvoir.

« C’est très difficile d’apporter des soins médicaux essentiels dans cet environnement où la violence est présente continuellement, déclare Thierry Durand, chef de mission de MSF au Yémen. Les personnes utilisent la force, les menaces et le chantage pour faire leurs demandes. MSF et les infrastructures hospitalières ont été utilisées comme moyen de pression au cours de querelles individuelles et familiales, sans préoccupation aucune de l’impact que cela pourrait avoir pour les patients et leur droit à l’accès aux soins. »

A la suite des négociations avec les leaders locaux, MSF va réduire ses services médicaux et chirurgicaux pour la population des gouvernorats de Khamer et Amran. « Nous appelons les autorités yéménites et les chefs tribaux à faire leur maximum pour résoudre leurs discordes et protéger les médecins, les hôpitaux et la population dans le besoin des assauts futurs », a rajouté Thierry Durand.

MSF a lancé une campagne globale pour promouvoir la protection de l’aide médicale à travers le monde. Au Yémen uniquement, MSF a enregistré 46 incidents liés à la violence contre des équipes et des infrastructures depuis avril 2010. En mars 2013, MSF a rassemblé tous les acteurs au sein d’une campagne de protection de l’action médicale au Yémen, en collaboration avec le ministère de la Santé Publique et de la Population, dans le but de tirer la sonnette d’alarme vis-à-vis du niveau de violence dans et autour des infrastructures médicales.
 

MSF travaille dans l’hôpital Al-Salam depuis 2010, menant environ 500 consultations d’urgence par semaines et réalisant plus de 900 opérations chirurgicales vitales depuis début 2013. L’organisation a aussi des activités de sensibilisation dans les zones du gouvernorat d’Amran.

MSF est présente au Yémen depuis 1986. En plus de ses activités dans le gouvernorat d’Amran, MSF travail à Aden, Al Dhale’, Abyan et Sanaa, apportant des soins médicaux gratuit et de qualité dans les zones en demande.

Au Yémen, les fonds de MSF proviennent de donneurs privés venant du monde entier. MSF ne reçoit pas de soutien de la part des gouvernements, des comités religieux ou des agences internationales.

Notes

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