Depuis environ quatre ans, la situation se détériore dans le nord-est du Nigeria. Cela a été particulièrement vrai en 2014, avec plusieurs attentats à la bombe à Maiduguri qui ont fait de nombreux morts et blessés. A deux reprises au cours de l’année 2014 et récemment encore en janvier 2015, Boko Haram a attaqué cette ville dont tous les principaux accès routiers - sauf un - sont fermés.
Malheureusement, la perspective des élections présidentielles à venir (en février) ne laisse pas présager d'une amélioration de la situation. C'est pourquoi, MSF met en place un plan de réponse d’urgence, en cas d’afflux de blessés dans les hôpitaux, et se dote d’une capacité chirurgicale. Ainsi, dans un des hôpitaux de l’Etat de Rivers, au sud du Nigeria, MSF va mettre en place une salle d’urgence, un bloc chirurgical et une unité de soins post-opératoires. En cas de besoin, deux postes médicaux pourront être mis en place dans d’autres Etats. Dans l’intervalle, il a été prévu de former le personnel du ministère de la Santé, ainsi que certains personnels de MSF, à la prise en charge d’afflux massif de blessés. Enfin, une équipe chirurgicale "volante" sera en capacité d’immédiatement monter un bloc opératoire et un poste de santé temporaires en cas de besoin.
Du fait de l'insécurité dans la zone de Baga depuis l’attaque du 3 janvier dernier, aucun acteur humanitaire n'a pu se rendre sur place, y compris MSF ; mais les images satellites des destructions dans la zone montrent l'ampleur massive de cette attaque. Les survivants parlent d'une ville totalement vide, désertée.
Selon la National Emergency Management Agency (NEMA), il y aurait désormais près d’un million de déplacés dans tout le Nigeria. La majorité se trouve dans le nord-est du pays : 500 000 seraient dans l’Etat de Borno, dont 400 000 dans la ville de Maiduguri. Ces derniers sont essentiellement des villageois ayant fui les attaques de Boko Haram dans les environs. Le nombre croissant de déplacés exerce une forte pression sur les ressources disponibles, ainsi que sur les rares services existants, et notamment sanitaires, souvent dysfonctionnels. Une situation qui pénalise également les communautés accueillant les déplacés et qui génère des besoins (nourriture, soins médicaux…) au sein des deux populations. La peur des attaques entraîne également des déplacements "préventifs" de populations, notamment depuis la ville de Monguno, une zone isolée de 300 000 habitants située à une centaine de kilomètres de Maiduguri, dont MSF soutient l'hôpital (donations médicales).
MSF travaille dans trois camps de déplacés, les plus peuplés de Maiduguri (10 000 à 15 000 personnes par site). En deux mois, près de 10 000 consultations médicales y ont été dispensées. Suite à l’arrivée des déplacés de Baga, nos équipes ont mené des évaluations des besoins dans le site de "Teacher village" où ils se sont regroupés. A l'instar de ce que l'on fait sur les deux autres camps, MSF y a mis en place un dispensaire médical, des activités ambulatoires (prise en charge de la malnutrition et consultations prénatales), ainsi qu'un système de transfert des cas sévères vers les hôpitaux. Des activités d’hygiène et d’approvisionnement en eau sur l’ensemble des dix camps - établis depuis juillet dernier, dans la zone de Maiduguri - ont également été initiées. D’autre part, un centre de santé comprenant 10 lits d’hospitalisation sera bientôt fonctionnel dans un autre quartier de Maiduguri.
Entre 100 000 et 150 000 réfugiés fuyant la violence ont également rejoint la ville de Diffa, au Niger. Les populations fuyant le Nigeria sont essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées, pour la plupart originaires de la ville nigériane voisine de Damassak, qui traversent le lac Tchad et la rivière Komadougou pour venir se réfugier dans les villes et villages nigériens, de l’autre côté de la frontière. Au plus fort des arrivées sur Diffa, leur nombre a été estimé à entre 100 000 et 150 000 personnes. En décembre, MSF a lancé des activités médicales dans cette ville située au sud-est du Niger, à quelques kilomètres de la frontière avec l'Etat de Borno et à 1 500 kilomètres de Niamey, capitale nigérienne. Il s’agissait de répondre à une épidémie de choléra. A Diffa et à Chatimari, cette réponse s’est articulée autour de la mise en place de sites de traitement du choléra - dont des tentes, de latrines, de douches, d’aires de lavage/séchage, de zones de gestion des déchets, ainsi que de points de réhydratation orale préventifs. MSF a également assuré une formation, pour le personnel local du centre de santé, sur la chloration de l'eau aux points de réhydratation ainsi que sur la désinfection d’habitations. Sur cette période, et en collaboration avec le ministère de la Santé du Niger, MSF a pu prendre en charge plus de 300 patients. MSF a également initié un soutien aux centres de santé de N'Garwa et Gueskerou et a assuré la distribution de biens non-alimentaires aux nouveaux arrivants dans la région de Diffa. Au vu de la précarité des conditions de vie des réfugiés et du nombre important de familles - avec enfants - continuant à arriver, MSF prévoit également de lancer une campagne de vaccination, à Diffa, dans les prochaines semaines.
Attaque de Boko Haram sur Maiduguri et Monguno
Dans la nuit de samedi 24 à dimanche 25 janvier, Boko Haram a lancé une attaque contre la ville de Maiduguri. Plus tard dans la journée, les islamistes ont pris le contrôle de la localité de Monguno, située à une centaine de kilomètres plus au nord. MSF a mené des évaluations des besoins dans les structures médicales de Maiduguri. Nos activités ont depuis repris normalement dans la ville.
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