Dix ans après le début de la guerre, 1,5 million de personnes ont trouvé refuge dans la région d’Idlib, dans le nord-ouest du pays, souvent au gré de déplacements répétés. Dans cette enclave, dernier bastion de la rébellion syrienne, les populations sont exposées aux bombardements aériens menés par les forces du régime de Bachar-el-Assad et leurs alliés – notamment russes – pour reprendre le contrôle des zones rebelles. La situation économique dans la région continue de se détériorer. Les déplacés vivent pour la plupart dans des camps ou des logements de fortune, dans des conditions précaires : manque d'eau potable, de nourriture, mauvais assainissement, accès très limité aux services de santé.
Toujours dans le nord du pays, les tensions entre la Turquie et les forces kurdes se sont traduites ces dernières années par des offensives régulières turques, entraînant des déplacements de population. Le système de santé syrien, relativement performant avant la guerre, s’est effondré. Dans les zones échappant au contrôle du gouvernement de Damas, les structures sanitaires ont été prises pour cible, le personnel médical visé et persécuté, l’approvisionnement en médicaments et matériel médical systématiquement rationné voire empêché. Les populations civiles ont payé le prix fort de la guerre et dépendent souvent d’une aide extérieure pour accéder aux soins.
Tout au long de la guerre, l’assistance aux populations a été soumise à une multitude de contraintes, liées à la nature du conflit (évolution rapide des lignes de fronts, bombardements indifférenciés, …), ainsi qu’à l’extrême difficulté de négocier un espace de travail (criminalisation de l’aide humanitaire en zone d’opposition de la part du régime syrien, impossibilité d’accéder aux zones tenues par l'État islamique (EI), etc.).
Dès les premières années du conflit, Médecins Sans Frontières (MSF) a décidé de soutenir – de manière clandestine et par le biais d'autres acteurs sur place – de nombreuses structures de santé dans le pays, en plus de son intervention directe auprès des populations, notamment dans les camps de déplacés.
MSF intervient également dans les camps où sont retenues des dizaines de milliers de personnes considérées comme membres ou soutiens du groupe Etat Islamique, y compris des ressortissants de pays étrangers.
Jean Pletinckx, chef de mission MSF en Syrie, revient sur la situation humanitaire dramatique dans le nord-ouest du pays, où près de 1,5 million de personnes vivent dans des camps surpeuplés.