Les premières vaccinations de masse cette année ont été menées dans de larges zones du nord de l'Ouganda, du sud du Soudan et de l'est de la République démocratique du Congo, des pays faisant partie de la « ceinture de la méningite ». Au Sud-Soudan, par exemple, les campagnes de vaccination en cours ciblent 528.000 personnes, majoritairement âgées de moins de trente ans, dont 160.000 personnes à Juba, la capitale du Sud du Soudan, et plus de 250.000 personnes dans le nord de la province du Bahr El Ghazal.
Surveillance épidémiologique. En l'absence de traitement, la méningite bactérienne tue jusqu'à 50% des malades infectés. Même lorsque la maladie est diagnostiquée très tôt et traitée avec les antibiotiques adéquats, 5 à 10% des patients décèdent. De plus, un survivant sur cinq souffrira de séquelles neurologiques telles que surdité ou retard mental. En parallèle des campagnes de vaccination préventives, les équipes MSF, en coordination avec les autorités sanitaires locales, traitent les personnes malades et mettent en place une surveillance épidémiologique.
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Prise en charge d'un malade.En Ouganda, l'équipe de MSF a supervisé la vaccination de 291.000
personnes et apporté un appui à la prise en charge des malades dans 29
structures de santé. © Vanessa Vick, Ouganda, février 2007
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Au Sud-Soudan, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre de décès dus à la méningite s'élève pour l'instant à 200 personnes et l'épidémie s'est déjà propagée dans 8 des 10 Etats, contre seulement 4 Etats touchés l'année dernière. Les Nations unies ont annoncé que huit pays d'Afrique de l'Ouest sont aussi touchés par des épidémies de méningite, notamment le Burkina Faso, où le bilan était déjà de 324 décès le 5 mars. MSF prévoit de vacciner 600.000 personnes la semaine prochaine aux alentours de la capitale, Ouagadougou. Dans d'autres pays où des épidémies de méningites sont à craindre, nos équipes mènent des missions d'évaluations dans plusieurs zones et se tiennent prêtes à intervenir.
Epidémie à haut risque. Une estimation des risques menée par l'OMS a identifié plusieurs facteurs indiquant qu'une vaste épidémie de méningite pourrait survenir en 2007 et 2008. Durant la deuxième partie des années 1990, des séries d'épidémies avaient touché plusieurs pays de la « ceinture de la méningite », causant plus de 25.000 décès en trois ans. Or aujourd'hui, seuls 25 millions de vaccins bivalents A/C (la méningite à méningocoques de sérogroupe A étant la cause la plus commune d'épidémies) sont disponibles au niveau mondial, dont 11 millions seulement réservés pour les réponses aux épidémies.
Malheureusement, les perspectives de reconstitution de stocks sont faibles. En mai, Sanofi-Pasteur, l'unique producteur du vaccin bivalent A/C, a annoncé le transfert de sa production sur une autre usine. Par conséquent, il n'y a cette année aucune capacité de production supplémentaire. C'est extrêmement préoccupant, car les besoins peuvent augmenter considérablement si d'autres pays sont touchés. Ainsi, au Nigeria en 1996, plus de 13 millions de personnes avaient dû être vaccinées lors de l'épidémie. Cette année, le risque d'un nombre élevé de décès, qui pourraient être évités, est donc bien réel.