A l’hôpital MSF situé dans le nord de la Syrie, l’équipe a dû s’adapter à l’évolution de la situation. Comme les lignes de front se sont éloignées, les afflux de blessés sont devenus moins importants. Et depuis plusieurs semaines, les patients victimes de brûlures ont été de plus en plus nombreux. Avec l’hiver, les familles ont utilisé des poêles rudimentaires pour se chauffer. Des accidents domestiques sont fréquents ou des tirs sèment la panique. Alors le poêle explose ou le bidon de carburant s’enflamme. « Plusieurs fois par semaine, on voit arriver des patients brûlés, explique le Dr Anne-Marie Pegg, médecin urgentiste MSF. Leur visage et leurs mains sont toujours les plus touchés. »
Quand un grand brûlé arrive en salle d’urgence, la première chose à faire est de prendre en charge la douleur car les plaies font énormément souffrir. Puis le patient est mis sous perfusion pour compenser les pertes hydriques. Il faut aussi nettoyer les plaies et les peaux mortes qui sont source d’infections et mettre des pansements, ce qui ne peut se faire qu’au bloc opératoire sous anesthésie. Le chirurgien pose des compresses stériles, enduites de sulfadiazine, une crème antibactérienne qui permet de changer les pansements tous les deux ou trois jours, sans risquer de déchirer la peau.
Souvent aussi, le kinésithérapeute de l’équipe MSF doit intervenir au bloc et poser une attelle au genou par exemple pour le maintenir en extension. Ainsi la cicatrisation ne se fera pas en rétraction, autrement dit dans une mauvaise position qui entraînerait une perte de mobilité. C’est ce qu’il a fallu faire pour une petite fille de six ans qui avait été brûlée sur tout le genou. Un autre enfant avait lui été brûlé aux mains et au visage. « Pour la brûlure sur la paume de la main, explique Ricardo, kinésithérapeute MSF, j’ai placé un petit rouleau dans la paume pour préserver la position fonctionnelle, nécessaire pour les activités de la vie quotidienne. »
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Copyright : Ricardo FERNANDEZ SANCHEZ / MSF |
Pour le visage, les soins ont été plus compliqués. Pour éviter une rétraction de la peau lors de la cicatrisation et préserver les traits du visage, un masque thermoformable a été nécessaire. « J’ai couvert le visage de l’enfant avec des compresses stériles et pris une plaque thermoformable pour faire un moulage sur son visage en insistant sur les parties abîmées. Après j’ai fait le plâtre, c’était mon positif. Et j’ai creusé le plâtre à l’endroit des paupières, des narines, des commissures des lèvres… » L’étape suivante a consisté à prendre une autre plaque thermoformable et la placer sur le positif pour obtenir le masque qui a finalement été appliqué sur le visage, sous anesthésie bien entendu.
En fonction de l’évolution de la cicatrisation, le masque doit ensuite être adapté. « Quand les oedèmes se réduisent, précise Ricardo, il faut creuser à l’endroit des pommettes, des fossettes ou du menton de manière à remodeler les traits du visage. »
La prise en charge des grands brûlés exige en outre de suivre des règles d’hygiène très strictes, ces patients étant très sensibles aux infections, et de satisfaire correctement leurs besoins nutritionnels qui sont deux fois plus importants qu’en temps normal. « Ils doivent avoir un régime alimentaire très riche en protéines, note le Dr Anne-Marie Pegg. Si les enfants ont envie de gâteaux, on leur donne avec plaisir. Ils peuvent manger tout ce qu’ils veulent. C’est essentiel pour leur guérison qu’ils se nourrissent bien. »
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